Migration : « le Sahara peut être aussi meurtrier que la Méditerranée »

Lundi, les restes de corps de trente migrants ont été retrouvés dans le Sahara a annoncé l’Organisation Internationale pour les migrations. Une macabre découverte qui porte à 48 le nombre de corps retrouvés au Niger, cette année.

Des picks-ups transportent des migrants à Agadez, au nord du Niger, le 1er juin 2015 © Issouf Sanogo/AFP

Des picks-ups transportent des migrants à Agadez, au nord du Niger, le 1er juin 2015 © Issouf Sanogo/AFP

Publié le 18 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Pour les migrants, « le Sahara peut être aussi meurtrier que la Méditerranée mais beaucoup de ces décès ne sont pas connus. Il n’y a pas d’opération de secours dans le Sahara », a déclaré à l’AFP le directeur de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM), le général William Lacy.

Dimanche, l’OIM avait déjà rapporté la découverte, près de l’oasis d’Arli au Niger, de dix-huit cadavres dont la mort est estimée au 3 juin. Leur véhicule tombé en panne, ils seraient restés sans eau, jusqu’à mourir de soif. A la différence de ces 18 cadavres les restes découverts lundi près de Dirkou, au nord-est d’Agadez, ne permettent pas d’identifier les victimes.

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Niger-Libye : eldorado des migrants

Chaque année, des milliers de migrants traversent le Sahara pour rejoindre l’Europe. Le passage par le Maroc, désormais étroitement surveillé, a été  supplanté aujourd’hui par l’axe Niger-Algérie, ou plus fréquemment l’axe Niger-Libye.

Le prix de la traversée du Sahara est fixé à 150 000 francs CFA (230 euros) par personne, selon des migrants interrogés par l’AFP. Des convois de pick-up, chargés de passagers jusqu’à la garde, emportent chaque lundi leurs cargaisons humaines en Libye, dans des conditions de sécurité précaires.

Depuis le début de l’année,plus de 45 000 immigrés clandestins ont débarqué en Italie, la plupart partis des côtes libyennes.  Environ 60% d’entre eux avaient transité par le Niger, selon des chiffres officiels.

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Libre circulation des personnes et corruption    

Les autorités nigériennes ont fourni, depuis janvier, une assistance à 5.100 migrants, a souligné l’OIM. Le parlement nigérien, pour contrer les trafiquants, a voté début mai une loi très sévère pénalisant leurs crimes, qui les rend passibles de peines allant jusqu’à 30 ans de prison. Mais ce texte s’annonce difficile à mettre en application. La plupart des candidats à l’exil sont en effet des ressortissants de la Cédéao, qui compte quinze États-membres, dont le Niger au sein de laquelle la libre circulation des personnes a été adoptée.

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Quid de l’Europe ?    

L’aide de l’Europe se fait attendre. En visite à Niamey le 14 mai dernier, le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a promis l’ouverture de plusieurs centres d’accueil des migrants, mais sans évoquer la question du financement.

Une mesure qui ne saurait suffire. « Il faut faire du développement dans les pays d’origine », afin d’éviter les départs en amont » plaide Giuseppe Loprete, représentant de l’OIM au Niger. En attendant, pas moins de 150 000 migrants, en grande majorité ouest-africains, sont attendus cette année à Agadez par les autorités.

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