Camair-Co : Alex Van Elk s’accroche
Malgré les rumeurs annonçant son éviction, le Néerlandais pilote toujours Camair-Co. Il compte étendre le réseau régional de la compagnie publique et, à l’horizon 2014, revenir à l’équilibre financier.
En juillet, après la publication d’une annonce pour remplacer Alex Van Elk à la tête de Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), la presse camerounaise avait annoncé sa chute « imminente ». Cinq mois plus tard, le Néerlandais de 59 ans est toujours à son poste et se fiche des rumeurs. « On a tout écrit sur mon compte, surtout le pire. Cela ne m’affecte guère, je continue le décollage de l’entreprise qu’on m’a confiée au début de 2010 », affirme l’imperturbable directeur général, qui fait l’objet d’une plainte pour détournement de deniers publics déposée par un syndicat minoritaire fin novembre.
Arrivé en Afrique en 2005 pour le compte de Virgin Nigeria Airways – il a ensuite dirigé les compagnies nigériane Arik Air et gabonaise SCD Aviation, puis l’aéroport de Lagos -, Alex Van Elk n’est pas pressé de quitter Camair-Co. Les critiques qui le ciblent sont surtout dues au fait qu’il soit étranger, alors qu’un projet de loi – rejeté par l’Assemblée nationale – avait été déposé par l’opposition en 2010 pour obliger les grandes sociétés à recruter des dirigeants camerounais. L’offre d’emploi de juillet a été diffusée par le gouvernement pour calmer les esprits mais, apparemment, aucun profil camerounais n’a convenu. « Nous ne sommes que deux cadres et quatre pilotes expatriés dans la société. Tout le reste du staff [450 salariés, NDLR] est local », se défend – en anglais – Alex Van Elk.
Rencontré à Johannesburg lors de l’assemblée générale de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), le 19 novembre, le directeur de Camair-Co avoue naviguer dans un ciel agité : « La faillite de Cameroon Airlines [Camair] a pesé sur notre démarrage. Il nous a fallu du temps avant d’obtenir la confiance des Camerounais. Nous devrions atteindre 250 000 passagers en 2012. » Très au-dessous de l’objectif de 400 000 passagers… pour 2011. Du coup, les finances de Camair-Co sont dans le rouge, avec 14 milliards de F CFA (21,3 millions d’euros) de pertes sur l’exercice 2011-2012. « Nous prévoyons d’atteindre l’équilibre financier en 2014 », estime Alex Van Elk. La compagnie bénéficie toujours de l’appui financier de l’État, qui pourrait finir par trouver l’addition salée.
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Dans ce contexte, l’annonce, début octobre, de l’achat de deux Boeing 787 neufs pour 218 milliards de F CFA a inquiété les spécialistes, craignant une fuite en avant dans les dépenses. « C’était une erreur de communication des autorités, regrette Alex Van Elk. Nous nous sommes seulement positionnés sur la liste d’attente de Boeing. Au moment où il faudra payer une avance – en 2014, soit cinq ans avant la livraison -, si nous confirmons la commande, nous choisirons la solution financière la plus adaptée. Nous opterons probablement pour le crédit-bail, qui pèserait moins sur nos comptes qu’une acquisition. » La même réflexion est en cours pour trois petits appareils du constructeur chinois Avic.
Pour prendre de la hauteur, le Néerlandais compte étendre son réseau vers les capitales de la région. « Au printemps, nous ouvrirons une ligne vers Bangui », annonce-t-il. Mais Alex Van Elk devra se frotter bientôt à un nouveau concurrent, Air Cemac, qui doit démarrer début 2013… Un adversaire basé lui aussi à Douala et dont il se serait bien passé. « Plutôt que de soutenir les compagnies nationales existantes, les États d’Afrique centrale ont choisi de lancer une compagnie régionale dont 34 % des parts sont détenues par Air France-KLM. C’est incompréhensible ! » s’offusque-t-il, pestant contre la domination sur le marché régional du groupe franco-… néerlandais.
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