Niamey a les moyens de ses ambitions
Le Niger a recueilli 3,8 milliards d’euros de promesses de ses partenaires pour financer son plan 2012-2015. La priorité est de diversifier son économie, notamment dans l’agriculture.
Le gazoduc qui reliera le Nigeria à l’Algérie et à l’Espagne, long de 4 400 km et d’un coût estimé entre 7,5 et 10,5 milliards d’euros, verra-t-il le jour ? Porté par l’espoir d’entrer bientôt dans le club des pays producteurs de gaz, le Niger pourrait bien avoir accéléré le projet. Fin novembre, Niamey a en effet signé un accord avec Alger cadrant les conditions du passage du gazoduc sur le territoire de ce pays enclavé, qui entend en profiter pour exporter sa future production de gaz.
Le pays semble décidé à se donner les moyens de son décollage économique. Et les 13 et 14 novembre, c’est à Paris que les autorités, conduites par le président, Mahamadou Issoufou, étaient venues rencontrer les bailleurs de fonds afin de boucler le financement de leur Plan de développement économique et social (PDES) 2012-2015. À la clé, 4,8 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros) de promesses de prêts et de dons.
Le Niger est sur tous les fronts. Car le défi n’est pas mince. Ainsi que le souligne Amadou Boubacar Cissé, ministre du Plan, de l’Aménagement du territoire et du Développement communautaire, « le plan [basé sur une prévision de croissance moyenne de 8 % d’ici à 2015, NDLR] est ambitieux. Il est notamment conçu pour réaliser des infrastructures de soutien à l’économie afin de réduire le coût des transports et de l’énergie ».
Recettes minières
D’un total de 12,4 milliards de dollars, le PDES 2012-2015 vise aussi et surtout à diversifier une économie très dépendante de ses revenus miniers, notamment de l’uranium. Si le document table sur une augmentation de 20 % de ces recettes – avec notamment l’ouverture de la mine d’uranium d’Imouraren par le français Areva -, le développement du secteur pétrolier et l’initiative 3N (Les Nigériens nourrissent les Nigériens) restent les promesses centrales.
« Plus de 2 milliards de dollars seront consacrés à l’initiative 3N, rappelle ainsi le ministre, rencontré à Paris dans les salons feutrés de l’hôtel Intercontinental. Il nous faut d’abord maîtriser l’eau, puis augmenter la production. »
Le futur barrage de Kandadji devrait permettre d’irriguer quelque 10 000 ha d’ici à 2018. D’un coût global d’un demi-milliard d’euros (financé notamment par la Banque mondiale, la Banque islamique de développement ou encore l’Agence française de développement), l’ouvrage construit par le russe Zaroubegevodstroï permettra aussi d’alimenter une centrale électrique de 130 MW, accroissant ainsi la puissance électrique installée du pays de 55 %.
Dans le domaine agricole, « nous souhaitons privilégier la modernisation des exploitations et encourager un partenariat direct étranger pour des unités de transformations industrielles agricoles », détaille Amadou Boubacar Cissé.
Exportateur de pétrole
Autre chantier de taille, celui du pipeline devant relier les champs de pétrole d’Agadem (est du pays) au Tchad, où un oléoduc déjà existant acheminerait le pétrole nigérien jusqu’à la côte camerounaise. Ce projet doit permettre au nouveau pays producteur d’or noir de devenir exportateur de brut. Les négociations avec N’Djamena « sont bien avancées », estime Amadou Boubacar Cissé, qui espère voir la première pierre posée en 2014.
Autant de projets vitaux pour l’économie nigérienne. La priorité du ministre est donc de convertir les promesses des partenaires internationaux en monnaie sonnante et trébuchante. Pour accélérer les décaissements des fonds déjà disponibles, « une réforme de l’administration est indispensable pour la rendre plus performante et atteindre en particulier notre objectif d’au moins 75 % de taux de décaissement des projets », souligne-t-il. Le premier chantier est lancé.
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