Maurice, porte d’entrée de l’Afrique

Pour investir sur le continent, un nombre croissant d’Européens, d’Asiatiques et même d’Africains utilisent l’île comme plateforme. Un rôle que Maurice ne doit pas qu’à son statut fiscal privilégié.

Port-Louis veut suivre l’exemple de Singapour ou de Hong Kong en Asie. DR

Port-Louis veut suivre l’exemple de Singapour ou de Hong Kong en Asie. DR

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Publié le 11 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Suivre l’exemple de Hong Kong avec la Chine ou de Singapour avec l’Asie, et devenir la porte d’entrée incontournable des investissements privés vers l’Afrique. Telle est l’ambition, depuis plusieurs années, de l’île Maurice. Le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Xavier Luc Duval, l’a encore rappelé en septembre : « Maurice dispose de tous les atouts pour connecter le monde au marché africain. »

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Et ce n’est pas Christian Li, PDG de CKLB, une société spécialisée dans l’administration de capitaux privés, qui dira le contraire : « En sa qualité de marché émergent, le continent reçoit de gros volumes d’investissements qui doivent être correctement structurés et planifiés », analyse-t-il. Or Maurice a développé une véritable expertise en la matière. Depuis la fin de la prédominance de l’industrie de la canne à sucre, l’île a fait des services financiers l’un des principaux piliers de son économie.

Pourtant, Maurice se veut plus qu’une simple boîte aux lettres. « Outre une fiscalité légère, nous avons beaucoup d’autres choses à offrir », revendique Richard Arlove, PDG de la compagnie Abax, présente depuis 2006 dans l’accompagnement des investissements transfrontaliers. Forte de son bilinguisme, d’un cadre réglementaire propice aux affaires, d’un contrôle des changes inexistant et d’une fiscalité attractive, l’île a également su tisser des liens forts avec le continent.

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Membre notamment de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), le pays a conclu au fil des années une série de traités relatifs à la double imposition et à la protection des investissements avec près d’une vingtaine d’États africains. De quoi rassurer les investisseurs étrangers. « L’Afrique est vaste et chaque pays a ses particularités, d’où la nécessité pour les hommes d’affaires d’être soutenus par des professionnels qui connaissent le terrain », considère Afsar Ebrahim, directeur adjoint du cabinet d’experts-comptables BDO Mauritius.

Même les Africains utilisent Maurice comme rampe de lancement pour sécuriser leurs investissements sur le continent, compensant ainsi le tassement des flux européens et américains enregistré dans le même temps. « C’est la grande nouveauté de ces dernières années, et un très bon signe », note Richard Arlove. Tirés par les compagnies sud-africaines, kényanes ou nigérianes, « les flux entre pays africains sont passés en six ans de 10 % à 25 % de nos activités », reprend le patron d’Abax.

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Passerelle

De même, « la zone Asie-Pacifique confirme son intérêt grandissant pour l’Afrique », remarque Afsar Ebrahim. Que ce soit le géant singapourien de l’agroalimentaire Olam, la compagnie Korean Air ou les opérateurs miniers australiens, « tous font transiter leurs investissements en Afrique via Maurice », poursuit le dirigeant de BDO Mauritius. Concentrée sur les infrastructures, « la Chine privilégie une approche de gouvernement à gouvernement », explique Richard Arlove, qui estime à moins de 5 % les investissements chinois circulant par l’île. L’Inde, par contre, avance derrière ses compagnies dans l’énergie (Reliance), les télécoms (Bharti) ou les mines (Jindal). Quasi absent deux ans plus tôt, « le sous-continent pèse aujourd’hui 12 % de nos volumes d’affaires sur l’Afrique », affirme encore le responsable d’Abax.

Passerelle autodésignée entre « l’Afrique des opportunités et l’Asie des capitaux », selon la formule de Jim Rogers, professeur à l’université Columbia (New York), l’île Maurice ne se voit pas de concurrent direct. Elle s’imagine plutôt membre à part entière d’un réseau international de places financières où Port-Louis côtoierait Londres, Dubaï, Singapour et Hong Kong. L’élève rejoignant alors les maîtres.

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