Awadi Egbaré, DG de Météo Togo : « Les phénomènes pluvieux de cette année sortent de l’ordinaire »
Quatre pays de la côte ouest-africaine connaissent depuis quelques jours une abondance exceptionnelle de pluies. Le directeur général de la météorologie du Togo donne à « Jeune Afrique » des explications sur le phénomène.
Jeune Afrique : Les pluies du début juin en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Bénin et au Togo sont-elles exceptionnelles ?
Awadi Egbaré : Il faut dire que le phénomène de cette année sort de l’ordinaire. Il y a eu un retard de la saison des pluies sur la côte, dans ces quatre pays (Bénin, Togo, Ghana, Côte d’ivoire) et aussi sur une partie du Nigeria. Selon nos études et les modèles que nous avons établis, un retard des pluies était fortement prévisible. Mais brusquement, début juin, de grandes précipitations se sont déversées sur cette zone. Au Togo par exemple, le record de pluies en un seul jour vieux de près de 50 ans a été battu le 2 juin avec un niveau de 150 millimètres (mm).
Peut-on lier ces inondations aux effets du réchauffement climatique ?
Sans hésiter je répondrai oui. Depuis quelques années, les prévisions saisonnières de pluies montrent de nombreuses anomalies au niveau des précipitations au Togo et plus généralement sur la côte au sud du huitième parallèle. Pourtant les calculs annonçaient que la pluviométrie serait du niveau normal à déficitaire. Lorsque le volume mensuel se déverse en une seule journée, on ne peut plus nier les effets du réchauffement climatique. Les dégâts parlent d’eux-mêmes.
La saison pluvieuse n’est qu’à son début. Faut-il s’attendre à d’autres épisodes de fortes pluies ?
Au sud du huitième parallèle, surtout sur la côte, Juin est le mois le plus pluvieux. Il y aura toujours des pluies. Mais avec des relevés de volumes moyens, entre 30 et 60 millimètres. Les prévisions indiquent que les précipitations vont progressivement s’estomper d’ici la mi-juillet. Il est peu probable qu’un nouvel épisode comparable à celui du début de ce mois puisse se reproduire.
Est-ce une bonne nouvelle pour l’agriculture des pays concernés ?
Ce n’est pas du tout une bonne nouvelle, surtout sur la côte. Les agriculteurs viennent à peine de commencer les semences. La plupart ont peur de semer dans les bas-fonds où l’eau s’est retirée, craignant de nouvelles inondations. Sur l’ensemble des moyennes recueillies dans les pays de la zone, nous sommes toujours à un niveau qui va de la normale à déficitaire. Dans le détail, certaines régions sont submergées par les flots tandis que d’autres subissent la sècheresse. Ce qui pénalise donc les agriculteurs.
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