Côte d’Ivoire : Paris affiche son soutien malgré de premières inquiétudes

La France a donné samedi le coup d’envoi d’une aide massive au développement de la Côte d’Ivoire, affichant un soutien appuyé même si des inquiétudes commencent à poindre à Paris sur la capacité d’Abidjan à en finir avec les tensions nées de le crise meurtrière de 2010-2011.

Pierre Moscovici, Daniel Kablan Duncan et Pascal Canfin, le 1er décembre à Abidjan. © AFP

Pierre Moscovici, Daniel Kablan Duncan et Pascal Canfin, le 1er décembre à Abidjan. © AFP

Publié le 3 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Le ministres français de l’Économie et du Développement, Pierre Moscovici et Pascal Canfin, ont signé à Abidjan avec le gouvernement ivoirien un contrat de désendettement-développement (C2D) de 630 millions d’euros sur la période 2013-2015. Sur une durée de 15 à 20 ans, l’aide représentera en tout 2,85 milliards d’euros, une somme qui provient de la récente annulation quasi-totale de la dette ivoirienne à l’égard de Paris.

C’est une visite « symbolique » de « la nouvelle relation que nous voulons construire avec l’Afrique subsaharienne », sur la base de « valeurs » comme « le progrès social, la transparence, la bonne gouvernance et l’égalité », a déclaré Pierre Moscovici devant des journalistes.Ce C2D est « exceptionnel par son montant », a-t-il souligné.

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Des projets précis sont identifiés: construction et réhabilitation d’écoles, d’hôpitaux et de tribunaux, aménagement des pistes rurales, assainissement de la métropole d’Abidjan…Soulignant que son pays était « quasiment en ruines » au sortir de la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait environ 3 000 morts, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a remercié la France pour son soutien « sans cesse renouvelé ».

Le contrat de développement a été préparé sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Durant son mandat, la France a joué un rôle décisif, en particulier militaire, dans l’installation en avril 2011 du chef de l’État Alassane Ouattara, à la fin de la crise qui l’opposait à son prédécesseur Laurent Gbagbo.

Mais, depuis, la France est parfois accusée d’une trop grande indulgence à l’égard de son ex-colonie. Or, l’ONU a dénoncé samedi des cas de torture et des détentions arbitraires, un signal d’alarme qui intervient après ceux d’ONG internationales accusant l’armée ivoirienne d’exactions massives.

« Nous sommes préoccupés par ce que nous pouvons lire dans ces rapports », a reconnu Pascal Canfin, tout en démentant que Paris soit « en retrait » sur la question des droits de l’Homme.

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« Message de confiance »

Selon lui, la France sera « très attentive » sur « l’approfondissement de la réconciliation », encore très limitée, même s’il s’agit d’un « processus complexe ». « Nous ne sommes pas là pour donner des leçons », a toutefois averti Pierre Moscovici après un entretien avec le président Ouattara.

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Le Premier ministre ivoirien, dont le gouvernement a récemment reconnu de possibles « dérapages » de militaires, a fait valoir les avancées réalisées selon lui en matière de réconciliation et de sécurité. Et les responsables français ont surtout insisté à Abidjan sur leur « message de confiance ». « Nous parions sur le développement de la Côte d’Ivoire », a lancé le ministre du Développement. « Dans ce moment important pour votre pays, de réconciliation et de redressement », « la France est à votre côté », a renchéri celui de l’Economie.

Leur délégation était d’ailleurs accompagnée par douze entreprises françaises, dont des PME, appelées par Pierre Moscovici à « passer à l’offensive » pour garder à la France, dans la « compétition » livrée face à la Chine notamment, son statut de premier partenaire commercial du pays, hors pétrole. Malgré cet optimisme affiché, des inquiétudes plus marquées commencent à s’exprimer à Paris.

Le Quai d’Orsay a appelé cette semaine les autorités ivoiriennes à faire « cesser sans délai toutes ces exactions » et à combattre « l’impunité quels que soient les auteurs de ces crimes ». Selon une source diplomatique, la France est inquiète du « délitement progressif de la situation ivoirienne et des difficultés du président Alassane Ouattara à asseoir son autorité ».

(Avec AFP)

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