Automobile : tout savoir sur l’usine marocaine de PSA Peugeot Citroën

Carlos Tavares, le patron de PSA Peugeot-Citroën a livré, vendredi 19 juin à Rabat, les détails de son plan ambitieux d’implantation au Maroc. Du pain bénit pour le royaume chérifien.

Moulay Hafid El Alamy, Carlos Tavares, le directeur général de PSA Peugeot Citroën, signe l’accord industriel d’installation d’une usine au Maroc en 2019. © AFP

Moulay Hafid El Alamy, Carlos Tavares, le directeur général de PSA Peugeot Citroën, signe l’accord industriel d’installation d’une usine au Maroc en 2019. © AFP

Publié le 20 juin 2015 Lecture : 4 minutes.

C’est la première grande annonce de Moulay Hafid Elalamy depuis le lancement du plan d’accélération industrielle en avril 2014. Accompagné de Carlos Tavares, président du directoire du groupe PSA Peugeot-Citroën, le ministre du commerce et de l’industrie a livré, vendredi 19 juin à Rabat, les détails du projet d’implantation du constructeur automobile au Maroc. Un projet industriel de 6 milliards de dirhams (557 millions d’euros) qui porte sur la construction d’une usine d’assemblage de voitures et de moteurs. L’usine devrait être opérationnelle à partir de 2019 et sera dotée d’une capacité de production de 200 000 véhicules et de 200 000 moteurs par an.

Kénitra plutôt que Tanger

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Pour son implantation dans le royaume, PSA a choisi la ville de Kénitra (à une trentaine de km de la capitale Rabat), contrairement à son challenger Renault, qui a élu domicile à Tanger, au nord du pays.

Un choix qui se justifie par la présence à Kénitra de plusieurs équipementiers automobile, de sa proximité des principaux points logistiques du pays et de l’abondance dans cette région d’une main d’oeuvre hautement qualifiée.

Un choix qui a été aussi orientée par l’État marocain. « Nous avons proposé Kénitra pour parvenir à un certain équilibre régional. La création de richesses ne doit plus être concentrée à Casablanca et à Tanger », souligne Moulay Hafid Elalamy.

« Les travaux de construction devront démarrer dès le début 2016 », annonce pour sa part Carlos Tavares. L’investissement sera financé à hauteur de 95% par le groupe PSA. Les 5% restants seront apportés par la Caisse de dépôt et de gestion, bras financier de l’État marocain, présent dans quasiment tous les méga projets structurants du royaume, à commencer par l’usine tangéroise de Renault.

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Gagnant-gagnant

L’usine, la deuxième du genre au Maroc, devrait participer à la création de pas moins de 4500 emplois directs (dont 1500 ingénieurs et techniciens supérieurs) et 20 000 emplois indirects, selon l’entreprise. À terme, elle devrait générer un milliard d’euros de chiffre d’affaires à l’export, avec une forte intégration locale dont le taux devrait passer de 60 % au démarrage à 80% à terme.

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« C’est un partenariat win win », estime  le ministre, qui confie que les négociations avec le groupe français ont démarré il y a à peine trois mois. « Le Maroc en profitera pour élargir son tissu industriel, monter en gamme et créer des emplois durables, tandis que PSA va bénéficier du positionnement stratégique et des coûts compétitifs qu’offre le Maroc pour attaquer les marchés du Moyen-Orient et du continent africain. »

Carlos Tavares ne dit pas autre chose : « L’Afrique et le Moyen-Orient représentent un énorme potentiel pour nous. En 2015, nous prévoyons de vendre 200 000 véhicules sur ces marchés. Notre ambition est d’atteindre le million de véhicules vendus d’ici 2025, sachant que la taille du marché sur ces deux régions est estimé à 8 millions de véhicules sur les dix prochaines années, contre seulement 5 millions de véhicules aujourd’hui ».

L’appel du continent

Pour PSA, ce projet marocain s’inscrit selon Carlos Tavares dans l’après « Back in the race », ce fameux plan de redressement lancé en avril 2014 pour remettre à flot le constructeur, malmené par la crise européenne.

« Le plan de redressement se déroule plutôt bien. Nous sommes même en avance par rapport aux prévisions initiales. Et nous sommes d’ores et déjà en train de préparer l’avenir, en diversifiant nos débouchés notamment sur le continent africain et le Moyen-Orient », explique le patron de PSA, qui connaît bien le Maroc pour avoir été numéro 2 de Renault au moment où ce dernier s’installait à Tanger en 2012. « À travers cette usine marocaine, nous souhaitons doter le continent d’un point de sourcing africain. PSA repart donc à l’offensive de l’Afrique. Pour réussir dans cette stratégie et assurer la pérennité de notre projet, nous devons être capable d’offrir des prix compétitifs. C’est la raison pour laquelle ce projet marocain fait sens », indique Tavares.

Quels sont les modèles qui seront fabriqués au Maroc ? Le patron du groupe français reste évasif sur ce point : « Pour des raisons stratégiques, il n’est pas de l’intérêt de PSA de donner les détails des modèles qui seront construits au Maroc. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il s’agira de véhicules compacts de segment B et C. »  Selon les spécialistes, tout porte à croire que la priorité sera donné à la Peugeot 301, à la Citroën C Elysée et à la gamme des véhicules utilitaires du groupe comme la Berlingo ou encore le Partner.

Ambitions marocaines

Le secteur automobile au Maroc emploie aujourd’hui 80 000 personnes et a généré à fin 2014 un chiffre d’affaires à l’export de près de 40 milliards de dirhams, dépassant la filière des phosphates, jusque-là premier pourvoyeur de devises pour le pays. Une prouesse rendue possible grâce à l’installation de Renault à Tanger, qui participe à elle seule à la moitié de ces performances commerciales.

Devenu en moins de dix ans le premier constructeur automobile de l’Afrique du Nord et le deuxième du continent, le Maroc ne veut pas en rester là. En 2020, le royaume  ambitionne en effet de multiplier par 2,5 les exportations du secteur, de créer 56 000 nouveaux emplois et d’augmenter surtout le taux d’intégration locale de 20 points pour atteindre un taux moyen de 60%. « L’usine PSA va contribuer à coup sûr à la poursuite de ces objectifs, en poussant de nouveaux équipementiers à venir au Maroc. Beaucoup d’entre eux attendaient l’arrivée d’un deuxième constructeur pour s’installer au Maroc. C’est aujourd’hui chose faite », signale, pas peu fier, le fringuant ministre du Commerce et de l’Industrie.

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