Bombardier vise une flotte de 500 avions
Rencontré lors de l’assemblée générale de l’Association Aérienne Africaine (Afraa), qui se tenait à Johannesburg du 18 au 20 novembre, Raphaël Haddad, vice-président de Bombardier pour l’Afrique et le Moyen-Orient, revient sur la stratégie de son groupe sur le continent.
L’appétit des industriels de l’aéronautique pour l’Afrique ne se dément pas. Les spécialistes de Boeing et Airbus s’attendent à un doublement de la flotte aérienne du continent d’ici à 2030 : elle passerait de 600 appareils actuellement à plus de 1400. Mais toutes les compagnies n’auront pas les moyens de se payer un Airbus A350 ou un Boeing 787 Dreamliner, des appareils de plus de 250 passagers destinés principalement aux liaisons intercontinentales. Les constructeurs de plus petits modèles (moins de 100 places) convoitent le segment des avions régionaux. Sur ce marché, Bombardier veut sa part du gâteau. Il est épaulé par certains loueurs d’avion, comme le suisse VistaJet, qui lui a passé le 27 novembre une commande de 57 appareils (pour 7,8 milliards de dollars), dont une partie est destinée à l’Afrique.
Raphaël Haddad, un Canadien basé à Dubaï, est le vice-président de Bombardier en charge de développer ses ventes en Afrique et au Moyen-Orient depuis décembre 2011. Face à lui, le brésilien Embraer et le franco-italien ATR cherchent eux aussi à profiter d’un marché africain en pleine croissance.
Jeune Afrique : que représente l’Afrique pour Bombardier ?
C’est un marché en pleine croissance. En 2006, la flotte africaine d’avions Bombardier comptait 54 avions. Aujourd’hui, 173 de nos appareils volent sur le continent. C’est une belle progression. Et je crois qu’elle devrait se poursuivre au même rythme dans les années qui viennent : le trafic intra-africain, pour lequel nos avions sont parfaitement adaptés, va croître, c’est inéluctable. En 2030, notre objectif est d’atteindre une flotte de 500 modèles Bombardier.
Le trafic intra-africain va croître, c’est inéluctable.
Cela étant, avec la conjoncture difficile pour le secteur, l’année 2012 n’a pas été exceptionnelle. Nous avons tout de même reçu une seconde commande d’Ethiopian airlines de 5 appareils Q400 de nouvelle génération, notre modèle à turbo-propulsion (50 à 80 places). RwandAir a également acheté deux CRJ900, des avions à bi-réaction de 90 places.
Quels pays visez-vous en priorité ?
Parmi les 20 pays du globe qui ont le taux de croissance prévisionnel le plus élevé, 8 sont en Afrique. Ce sont ces pays que nous visons en priorité : notamment l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Éthiopie et le Kenya.
Quel est le profil des compagnies qui achètent vos appareils ?
Les achats se font en petites quantités, en majorité par de petites compagnies. L’Afrique n’est pas un continent où nous répondons à de grandes commandes, comme aux États-Unis, où l’on peut vendre 40 appareils en une seule fois. Sur le continent, nos deux meilleurs clients sont South African Express, qui opère 15 appareils à bi-réaction CRJ200 et CRJ700, et Ethiopian airlines, qui dispose de 13 modèles Q400 à turbo-propulsion.
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Ne craignez-vous pas la fragilité financière des compagnies aériennes africaines, nombreuses, mais trop petites ?
Leur situation économique s’est améliorée : elles sont de moins en moins mal gérées. D’ailleurs, j’en veux pour preuve l’intérêt des banques et investisseurs pour le financement du secteur aérien africain. Il est aujourd’hui beaucoup plus facile de trouver une société de leasing. Par ailleurs, il y a eu dans plusieurs pays de réels progrès dans la gouvernance ainsi qu’un apaisement des situations politiques. Ce sont des éléments qui favorisent le développement du trafic.
Que pensez-vous du projet Fast jet, piloté par Stelios Haji-Ioannou, le fondateur d’Easyjet, qui veut lancer une compagnie low-cost en Afrique ?
J’y crois ! Je souhaite qu’il fasse bouger les lignes en Afrique. Avec ce projet, j’espère une plus grande libéralisation du marché intra-africain. Je fais confiance à Stelios Haji-Ioannou : Il ne se lancerait pas, avec ses actionnaires, dans une telle aventure, si elle n’était pas rentable.
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