Afrique du Sud : pari réussi pour le Gautrain

Il relie Johannesburg à Pretoria en quarante minutes. Au pays de l’automobile reine, le train régional sud-africain a su s’imposer.

Construites par le canadien Bombardier, les 24 rames peuvent atteindre 160 km/h. © Alexander Joe/AFP

Construites par le canadien Bombardier, les 24 rames peuvent atteindre 160 km/h. © Alexander Joe/AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 20 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

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Urbanisme : des villes et des hommes

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Un couple de voyageurs avec leurs bagages, une dame entre deux âges perdue dans ses pensées, un groupe de jeunes filles apprêtées en pleine discussion… Dans les wagons impeccables du Gautrain (jeu de mots avec le nom de la région du Gauteng, où se trouvent Johannesburg et Pretoria), les passagers forment une mosaïque bigarrée, sans pareille dans un autre moyen de transport sud-africain.

Pour eux, ce premier train express régional (il atteint 160 km/h), construit et exploité par le consortium Bombela (qui comprend notamment les français Bouygues et RATP Dev et le canadien Bombardier) pour 2,3 milliards d’euros, fait déjà partie du paysage : son premier tronçon a été mis en service en juin 2010. Après avoir utilisé leur carte magnétique pour franchir les portiques en plexiglas donnant accès aux quais, ils attendent leur train. Il en passe un toutes les 12 minutes en heures de pointe, toutes les 20 minutes le reste du temps. Destinations : le centre de Johannesburg, son quartier d’affaires, Sandton, l’aéroport O.R. Tambo ou encore la capitale politique, Pretoria, ralliée en quarante minutes. En tout, dix stations sont desservies, sur 80 km.

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Dans cette région où les transports publics ont été volontairement négligés par le régime de l’apartheid pour renforcer la ségrégation, c’est une petite révolution. Le paysage urbain y est toujours divisé entre banlieues destinées à la classe moyenne (où des familles noires commencent à s’installer), quartiers d’affaires très sélects et townships surpeuplés où l’on trouve encore des bidonvilles.

Scepticisme

La voiture individuelle ou, pour la majorité des Sud-Africains, le taxi collectif sont de loin les moyens de transport les plus courants. En 2007, 157 000 véhicules par jour empruntaient l’autoroute N1 entre Pretoria et Johannesburg, un chiffre en hausse de 7 % par an. C’est dire si le projet du Gautrain, annoncé en 2000, a été accueilli avec scepticisme. D’autant que le réseau de chemin de fer déjà existant était vétuste.

Deux ans après le premier trajet, le bilan est plutôt positif. Le cap du millionième voyageur a été atteint en cent jours, alors que seule la portion reliant Sandton à l’aéroport était en service. Le nombre quotidien de passagers est d’environ 40 000, et l’objectif initial de 100 000 paraît atteignable, surtout depuis l’inauguration de l’arrêt Park Station, dans le centre de Johannesburg, en juin (avec plus de un an de retard, dû à des infiltrations d’eau dans un tunnel).

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Pas de quoi, toutefois, faire taire les critiques, notamment de la part de l’aile gauche de la coalition au pouvoir (syndicats et parti communiste) qui qualifie le Gautrain de « train pour riches ». Aucun township n’est en effet desservi. Et si le prix du ticket (entre 20 et 52 rands, soit de 1,80 à 4,60 euros, selon les trajets) est avantageux comparé à celui d’une course en taxi, il reste inaccessible pour de nombreux Sud-Africains.

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