Après la tuerie raciste, l’église de Charleston dénonce le « diable »

Cinq jours après les faits, l’église de Charleston a réconforté dimanche ses paroissiens pour un premier service religieux depuis le massacre mercredi dans cette ville de Caroline du Sud (États-Unis), qui a fait neuf morts dans la communauté africaine-américaine.

Le révérend John Gillison, lors de son office du 21 juin 2015 à l’église Emanuel de Charleston, en Caroline du Sud. © David Goldman/AFP

Le révérend John Gillison, lors de son office du 21 juin 2015 à l’église Emanuel de Charleston, en Caroline du Sud. © David Goldman/AFP

Publié le 22 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs centaines de personnes, blanches et noires, ont occupé dimanche 21 juin pendant deux heures les bancs de l’Emanuel African Methodist Episcopal Church, la plus vieille église de la communauté noire de Charleston, lieu emblématique de la lutte pour les droits civiques et théâtre du bain de sang provoqué mercredi 17 juin par le jeune Dylann Roof, un jeune suprématiste blanc.

Des centaines d’autres fidèles et badauds, principalement blancs, étaient aussi massés, faute de place, à l’extérieur de l’église, d’où ils pouvaient entendre, grâce à des hauts-parleurs, le long discours du pasteur John Gillison et les chants religieux. Une chorale de gospel a chanté plusieurs minutes face à une foule calme, parfois émue aux larmes.

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« Le diable est rentré »

Le révérend Gillison a maintes fois fait référence, sans le nommer, à Dylann Roof, le tueur présumé de neufs paroissiens noirs, et qui a été inculpé et maintenu en détention.

Les paroissiens « étaient dans la maison du seigneur, étudiant ses paroles, priant les uns avec les autres », a clamé le dignitaire religieux. « Mais le diable est aussi rentré. Et il a sans aucun doute essayé de prendre le contrôle. Mais grâce à Dieu, alléluia (…) il ne pouvait pas contrôler vos fidèles. Et il ne pouvait pas s’emparer de votre église », s’est exclamé le pasteur John Gillison.

Dans les églises américaines, la figure du diable est une référence habituelle pour désigner le mal.

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« C’était très intense mais pacifique et joyeux, s’est enthousiasmée à la sortie de l’église Tanosha Bosier, 40 ans. »C’était émouvant et exaltant d’aider notre communauté à revenir à ce qu’elle était avant mercredi ».

« Pont de l’unité » et manifestations de colère

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En mémoire aux victimes, les cloches d’une vingtaine d’églises à et autour de Charleston ont sonné, tout comme des dizaines d’autres aux États-Unis. Et La cérémonie, très forte en émotion, a été retransmise pendant près de deux heures par les télévisions américaines.

Plusieurs milliers de personnes, pour la plupart des Blancs habitant dans le secteur de Charleston, se sont ensuite rassemblées sur le pont Arthur Ravenel où elles se sont donné la main, formant un « pont de l’unité » entre Charleston et la banlieue cossue de Mount Pleasant. Les manifestants ont observé neuf minutes de silence – une pour chacune des victimes de la tuerie de mercredi.

Samedi déjà, plusieurs manifestations avaient secoué la Caroline du Sud. Des milliers de personnes s’étaient regroupées à Columbia, capitale de l’État et siège du Parlement local, devant lequel flotte toujours le drapeau confédéré, symbole controversé du sud esclavagiste des États-Unis, défait lors de la Guerre de sécession (1861-1865).

Les manifestants étaient venus exiger le retrait de ce drapeau, qui n’avait pas été mis en berne en hommage aux victimes après la tuerie, contrairement au drapeau fédéral ou au drapeau de la Caroline du Sud. Symbole durable de la fierté et de l’héritage du Sud pour ses partisans, le drapeau confédéré représente le racisme et la théorie de la suprématie blanche pour ses détracteurs.

Une autre manifestation s’est tenue samedi soir, à Charleston, à l’appel du mouvement « Black Lives Matter » (« La vie des Noirs compte »).

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