Jon Stewart sur Charleston : « Si ça avait été du terrorisme islamique… »
Le célèbre animateur Jon Stewart a profité de la tribune de son émission The Daily Show pour critiquer la classe politique américaine au lendemain de « l’attentat terroriste » qui a coûté la vie mercredi dernier à neuf Africains-Américains dans une église de Charleston aux États-Unis.
Le roi du talk-show américain, Jon Stewart, n’avait pas le cœur à la blague jeudi 18 juin, quelques heures après les meurtres de neuf Africains-Américains dans l’Emanuel African Methodist Episcopal Church de Charleston. À l’ouverture du Daily Show, il a livré un puissant éditorial « sans aucune blague » pour souligner la « tristesse » et tout le paradoxe des politiques américaines (voir la vidéo ci-dessous).
Deux poids deux mesures
Dans un monologue de plus de cinq minutes, il a vivement déploré la disparité des réactions entre « les fois où on pense que des étrangers vont nous tuer et quand nous nous tuons nous-mêmes. »
« Si ça avait été du terrorisme islamique… Nous avons envahi deux pays, dépensé des milliards de dollars et perdu des milliers de vies américaines ! Aujourd’hui, nous faisons voler des machines de mort dans le ciel de cinq ou six pays. Tout cela pour garder les Américains en sécurité. Nous faisons tout en notre pouvoir, même torturer des gens ! Nous sommes prêts à tout pour protéger les Américains. Mais neuf personnes tuées dans une église… Notre réaction ? Qu’est ce qu’on peut faire… Les fous sont fous, hein ? C’est ce que je n’arrive pas à comprendre ! »
Pour Jon Stewart, la menace qui pèse sur les Américains ne vient pas de l’extérieur : « Al-Qaïda et ISIS ne sont pas des salauds comparés au mal que nous nous infligeons régulièrement. »
Une attaque « terroriste » et « raciste »
Fidèle à lui-même, Jon Stewart n’a pas mâché pas ses mots. « C’est une attaque terroriste » dans une église de Charleston, véritable symbole de la lutte des Noirs aux États-Unis depuis plus de 100 ans. « C’était un type avec un drapeau de la Rhodésie sur son manteau », rappelle-t-il en faisant référence à la photo Facebook du principal suspect, Dylann Roof. Jon Stewart a insisté sur le caractère « raciste » de la tuerie. « C’est noir ou blanc, il n’y a aucune nuance à faire dans ce qui s’est passé. »
Jon Stewart a pointé l’endormissement de la société américaine qui refuse d’admettre la « blessure raciale qui ne guérit pas » et qui conduit le pays dans un « gouffre de violence ».
L’animateur a aussi rappelé que le drapeau des États confédérés flotte toujours sur la Caroline du Sud, symbole de la lutte contre l’abolition de l’esclavage et des lois ségrégationnistes. Des routes de cet État ont même été nommées en l’honneur des généraux confédérés, des « généraux qui se sont battus pour empêcher les Noirs de conduire sur ces mêmes routes. C’est dingue ! », a lâché Jon Stewart, dégoûté et, pour une fois, privé de tout humour.
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