Immobilier : Congolais cherchent prix vraiment modérés
Brazzaville, Pointe-Noire, Owando… Sur tout le territoire, l’État finance des programmes de logements, dont beaucoup ne trouvent pas preneur à cause de leur coût trop élevé.
Urbanisme : des villes et des hommes
Construire 10 000 logements sociaux – sous forme d’appartements et de villas individuelles ou en collectif -, tel est le pari que s’est lancé le gouvernement congolais en 2005. Le premier chantier a été lancé à Mpissa, dans l’arrondissement de Bacongo, à Brazzaville. Un chantier non achevé. « Sur les 140 logements prévus, tous n’ont pas été construits, car les familles appelées à être expropriées refusent de partir », confie un cadre du ministère de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat.
Mais d’autres programmes ont suivi. Camps Clairon 1 et Clairon 2, camp 15-Août et camp Mpila, dans la capitale, où ils sont les plus nombreux. À 25 km au nord de Brazzaville, à Kintélé, 1 000 villas (de 70, 100 ou 150 m2) sont bâties par l’israélien AB Construction ; certaines sont déjà disponibles. Et sur la côte atlantique, à Pointe-Noire, un deuxième programme est prévu.
Diviser pour mieux gérer
C’est par une loi du 11 octobre dernier, adoptée par le Parlement, que la Société de promotion et de gestion immobilière (Soprogi), créée en 1979, a été dissoute. Exit donc la Soprogi, qui fait place à deux nouvelles sociétés. À charge de la Société de promotion immobilière (Soprim), dont le capital est détenu par l’État et des privés, de construire des logements qui seront vendus, pour son propre compte et pour celui de l’État notamment. Les ressources de la Soprim seront constituées des produits de ses activités, de legs, de subventions de l’État et d’emprunts. Quant à la Société nationale des habitats à loyer modéré (SNHLM), elle aura pour vocation de gérer le parc locatif d’habitations à loyer modéré de l’État. Un changement motivé par la nécessité de distinguer les missions de promotion des missions de gestion et par celle d’adapter le secteur aux dispositions de la loi de 2004 sur la promotion immobilière. M.D.
Les villes de l’intérieur ne sont pas en reste. Dans le Kouilou, 152 logements sont en cours de réalisation à Diosso et 25 à Loango. Dans la Cuvette, à Oyo, le Clos de l’Alima est achevé ; à Owando, le programme du Clos de Linengué est en cours, et à Makoua, un petit projet de 23 logements sociaux est prévu. Autres villes concernées : Kindamba et Kinkala dans le Pool, et Djambala dans la région des Plateaux, où, les terrains ayant été choisis, le chantier va bientôt commencer.
Reste que ces programmes, financés par l’État, ne sont pas du goût de tout le monde, notamment en raison de l’omniprésence des entreprises chinoises, dont Beijing Construction Engineering Group, Weihai International Economic & Technical Cooperative (WIETC) et sa filiale Zhengwei Technique Congo. « Les Chinois apportent les financements, importent les matériaux et construisent. Que reste-t-il aux Congolais ? » s’interroge un Brazzavillois.
Offre locative
Par ailleurs – hormis les 1 000 logements de Kintélé, plus accessibles à la classe moyenne car réalisés avec des matériaux peu chers -, les prix de cession sont jugés prohibitifs et les critères d’accession peu clairs. Pour les logements « économiquement améliorés », les montants hors taxe à Brazzaville vont de 65 millions de F CFA (près de 100 000 euros) pour un appartement avec trois chambres à 88 millions de F CFA pour cinq chambres, quand le salaire mensuel d’un fonctionnaire est de 100 000 à 120 000 F CFA. Résultat, la population ne se précipite guère sur ces logements. Sur 1 031 achevés, seuls 131 ont été attribués.
Les récentes dispositions prises, dont la création de la Société nationale des habitats à loyer modéré (lire encadré), devraient rectifier le tir. « Avec l’ex-Soprogi, la politique était surtout tournée vers l’accession à la propriété. Nous allons maintenant développer une politique d’offre publique de logements locatifs dont les conditions d’accession seront clarifiées dans la future loi sur le logement social en cours d’élaboration », informe Jean-Jacques Youlou, directeur général du Développement urbain, de l’Habitat et de l’Architecture.
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