BTP : l’Afrique en séance de rattrapage

Stimulé par l’explosion urbaine, le secteur tourne à plein régime pour construire les logements, les infrastructures de base et les routes indispensables à une population toujours plus nombreuse.

Sur le chantier du nouveau complexe hospitalier de N’Djamena, au Tchad. © Frederic-Noy

Sur le chantier du nouveau complexe hospitalier de N’Djamena, au Tchad. © Frederic-Noy

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Publié le 20 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

« L’Afrique est en séance de rattrapage », observe Alphonse N’Guessan, conseiller au Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) ivoirien. Après avoir fonctionné au ralenti pendant plusieurs décennies dans de nombreux pays, le secteur de la construction connaît un véritable essor sur le continent, notamment pour accompagner l’explosion urbaine constatée ces dernières années et prévue pour durer. « En 2050, 60 % de la population africaine vivra en ville », rappelle l’ONU-Habitat, contre un peu moins de 40 % actuellement. « Il est donc urgent d’investir dans la réalisation des infrastructures et de l’habitat de base », insiste son rapport sur l’état des villes africaines, publié fin 2010. Aujourd’hui encore, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) estime qu’en zone périurbaine seuls 26 % des ménages ont un accès permanent à l’électricité, 58 % à l’eau potable et 31 % aux services d’assainissement.

« Les besoins des villes sont énormes », confirme Massamba Diene, chef de division à la Banque africaine de développement (BAD), qui classe au rang des priorités les questions de mobilité urbaine (voies de communication et transports publics) et de logement. Le secteur du BTP africain n’a pourtant pas chômé ces dernières années. En 2010, selon la revue américaine Engineering News-Record, il a même enregistré une augmentation de 6,7 % de son chiffre d’affaires, à 61 milliards de dollars (près de 46 milliards d’euros), quand dans le même temps les résultats étaient revus à la baisse en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis.

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Cliquez sur l'image.Symbole « d’une Afrique qui se construit et donc qui construit », selon la formule d’un professionnel français du secteur, le continent coule aujourd’hui cinq fois plus de ciment qu’en 2004 : 165 millions de tonnes en 2010, soit 5 % de la production mondiale d’après les chiffres du « Global Cement Report » publié par l’International Cement Review. Plus de la moitié de ce volume est consommé par les pays d’Afrique du Nord, mais c’est sur le reste du continent que la croissance est la plus forte, avec des taux de 12 % à 15 % en moyenne par an. Pour répondre à la demande et limiter la hausse des prix, une dizaine de nouvelles cimenteries doivent rapidement voir le jour au Nigeria, en Afrique du Sud, au Cameroun ou en République démocratique du Congo. Elles permettront de produire plus de 15 millions de tonnes supplémentaires par an.

Sous pression

Cette tendance à la hausse ne devrait pas s’inverser avant longtemps, alors que les bailleurs de fonds estiment qu’entre 40 et 60 milliards de dollars doivent être investis chaque année pour voir le continent régler ses problèmes d’infrastructures et d’équipements. Rien qu’en matière d’habitat, la Banque mondiale chiffre le manque de logements à plusieurs dizaines de millions en Afrique. « En plus de ce déficit déjà existant, il faudrait construire 1 million d’appartements et de maisons supplémentaires chaque année pour pouvoir répondre à la pression urbaine actuelle », précise Simon Walley, coordinateur du programme Immobilier à la Banque mondiale.

Conscients de la « demande sociale » – pour reprendre la formule de Massamba Diene -, les pouvoirs publics semblent avoir placé le dossier de l’habitat en haut de la pile « depuis ces deux dernières années », confirme Simon Walley. Reste encore à faciliter l’accès au foncier et aux financements pour les particuliers si l’Afrique veut commencer à régler une crise du logement qui pourrait trouver son épilogue « d’ici à une quinzaine d’années », estime l’expert de la Banque mondiale.

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