Rafik Khalifa condamné à 18 ans de prison

L’homme d’affaires algérien Rafik Khalifa a été condamné à 18 ans de prison ferme, ce mardi 23 juin.

Rafik Khalifa avait fait fortune dans le transport aérien, la banque, le sponsoring sportif, l’industrie pharmaceutique, le bâtiment et l’audiovisuel. © Pierre Andrieu/AFP

Rafik Khalifa avait fait fortune dans le transport aérien, la banque, le sponsoring sportif, l’industrie pharmaceutique, le bâtiment et l’audiovisuel. © Pierre Andrieu/AFP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 23 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour le 23 juin 2015, à 15H05 CEST

L’ancien milliardaire algérien, Rafik Khalifa, a été condamné mardi 23 juin à une peine de 18 ans de prison ferme. Le verdict du tribunal criminel de Blida, à l’ouest d’Alger, a été prononcé à l’issue d’un procès marathon qui a duré du 4 mai au 14 juin. L’ex-golden boy a également  été condamné à payer une amende d’un million de dinars (environ 9 000 euros) et à la confiscation de tous ses biens.

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Le procureur de la république avait, lors de son réquisitoire, requis la perpétuité à l’encontre de l’ex-patron du groupe Khalifa jugé dans le cadre de l’affaire Khalifa Bank.

Le même tribunal avait déjà condamné par contumace Rafik Khalifa en mars 2007 à la prison à perpétuité. Réfugié à Londres depuis 2003, l’ex-golden boy a été extradé vers son pays en décembre 2013.

Débâcle

Agé de 49 ans, divorcé et père d’une adolescente qui vit en France, Rafik Khalifa était poursuivi pour « association de malfaiteurs, abus de confiance, faux et usage de faux dans des documents administratifs et bancaires, corruption, et banqueroute frauduleuse ».  Le tribunal de Blida l’avait déjà condamné, par contumace, à la prison à perpétuité en mars 2007. L’homme d’affaires algérien qui s’était réfugié à Londres en 2003 – peu de temps avant la débâcle de son groupe – a été extradé vers son pays en décembre 2013 après une longue bataille judiciaire.

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Au cours de son deuxième procès, l’accusé a rejeté en bloc les accusations portées contre lui, imputant la responsabilité de la faillite du groupe Khalifa à ses proches collaborateurs.

Deal

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Alors qu’il était encore libre de ses mouvements en Grande-Bretagne entre 2003 et 2007, M. Khalifa avait affirmé à maintes reprises détenir des preuves impliquant des dirigeants algériens. Aussi, l’opinion publique algérienne attendait des révélations sur l’implication de hauts responsables dans le scandale Khalifa ainsi que sur les avantages et les faveurs perçus par des personnalités. Il n’en fut rien.

Au bout de deux semaines de procès, les Algériens ont fini par se lasser des péripéties de l’affaire Khalifa.

Le silence de « Moumen » lors de son procès a donc fait naître des doutes sur l’impartialité du tribunal tant et si bien que certains avocats ont évoqué la possibilité d’un deal entre Rafik Khalifa et les autorités pour ne pas divulguer ces secrets. Le verdict tombé aujourd’hui semble écarter ces doutes.

« S’il y a un deal, c’est Moumen Khalifa qui le cherche à travers son silence et ses contrevérités », a estimé pour sa part Moncef Badsi, le liquidateur d’El Khalifa Bank, la banque du groupe éponyme. Selon diverses estimations, la chute en 2003 du groupe Khalifa avait coûté près de 3 milliards de dollars au trésor public algérien.

Fondé à la fin des années 1990 autour d’une banque, ce conglomérat s’était diversifié dans le transport aérien avec Khalifa Airways, la construction, le sponsoring, l’industrie pharmaceutique ainsi que les médias avec le lancement en France en septembre 2002 de Khalifa TV.

Faillite

En octobre 2014, le tribunal de Nanterre, en France, avait condamné Rafik Khalifa, par contumace, à cinq ans de prison  pour banqueroute et blanchiment d’argent et lui avait infligé une amende de 375 000 euros. Le même tribunal avait également lancé un mandat d’arrêt contre lui.

Les juges français lui reprochaient d’avoir organisé, en 2002, la faillite de la filiale française de sa compagnie Khalifa Airways, d’avoir détourné des fonds liés à la revente, pour 16,7 millions d’euros, de la villa Bagatelle, à Cannes, qu’il avait acquise en juin 2002 pour 37 millions d’euros et d’avoir récupéré l’argent de la revente des avions de Khalifa Airways pour 5,5 millions d’euros.

Transferts

Vu le réquisitoire du procureur du tribunal de Blida, ce verdict de 18 ans de prison peut sembler relativement clément. Même sans remise de peine ou grâce présidentielle, Rafik Khalifa, pour avoir déjà purgé presque 8 ans de prison préventive à Londres, puis à Alger, pourrait recouvrer sa liberté dans 10 ans, vers la fin 2025.

D’autres affaires pourtant, aussi importantes que la faillite de Khalifa Bank, l’attendent encore devant les juges. Les procès concernant l’importation de cinq stations de dessalements ainsi que des opérations de transferts de devises vers l’étranger, dites « swift », ne sont pas encore programmées par le tribunal de Blida. Bref, les ennuis judiciaires sont loin d’être terminés pour Rafik Khalifa.

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