Burundi : la médiation de l’ONU reprend, sans le camp présidentiel

La médiation de l’ONU a repris mardi à Bujumbura. La société civile, l’opposition et les chefs religieux sont présents. Mais pas le camp présidentiel.

Abdoulaye Bathily, représentant du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale. © Nations unies/DR

Abdoulaye Bathily, représentant du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale. © Nations unies/DR

Publié le 23 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est sous la direction d’un nouveau médiateur, le Sénégalais Abdoulaye Bathily, représentant de l’ONU en Afrique centrale arrivé dimanche à Bujumbura, que les discussions ont repris mardi 23 juin. À une semaine des élections législatives et communales prévues le 29 juin, l’opposition conteste toujours le calendrier électoral tenue, tandis que la communauté internationale réclame leur report.

Le prédécesseur d’Abdoulaye Bathily, l’envoyé spécial de l’ONU dans les Grands Lacs Saïd Djinnit, récusé par l’opposition qui le jugeait partial, avait jeté l’éponge le 11 juin. Depuis, le dialogue avait totalement cessé, notamment autour du principal point de désaccord : la candidature du président Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, lors de la présidentielle prévue le 15 juillet.

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Mardi, une première réunion sous l’égide du nouveau médiateur a rassemblé des représentants de la société civile, dont le défenseur des droits de l’Homme Pierre-Claver Mbonimpa, les principaux opposants politiques, dont Agathon Rwasa et Charles Nditije, et les chefs des différentes religions. Le pouvoir en place n’avait toutefois pas envoyé de représentant.

Pourquoi le CNDD-FDD ne participe pas ?

Le ministre de l’Intérieur Edouard Ndiwumana, censé représenter le gouvernement, était absent. Le parti présidentiel CNDD-FDD a en effet clairement dit ne pas vouloir participer, estimant que l’initiative, à cinq jours des scrutins, visait à perturber les élections.

Cela semble être une diversion ayant pour objectif la perturbation des élections, dit le président du CNDD-FDD.

« Le parti CNDD-FDD informe la communauté tant nationale qu’internationale que sa priorité est la continuité de sa campagne électorale pour les communales et législatives », a déclaré le président de la formation politique, Pascal Nyabenda. « Le parti CNDD tient donc à communiquer qu’il ne participera pas au dialogue pendant cette période puisque cela semble être une (diversion) ayant pour objectif la perturbation des élections », a-t-il expliqué.

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Le chef du parti présidentiel a par ailleurs reproché au représentant onusien d’organiser ses réunions dans le dos des pays d’Afrique de l’Est, qui tentent eux-mêmes depuis des semaines de dénouer la crise burundaise, et d’avoir, de ce fait, un agenda caché.

Que réclament les États d’Afrique de l’Est ?

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La communauté d’Afrique de l’Est, qui réunit le Burundi, le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, a appelé à un report des scrutins. Toutefois, elle a soigneusement évité d’entrer dans le débat du troisième mandat.

Annoncée fin avril, la candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle a pourtant déclenché un mouvement de protestation marqué par des manifestations dans de nombreux quartiers de Bujumbura, mais aussi dans quelques localités de province.

Les rassemblements, interdits par le pouvoir, ont été émaillés d’affrontements entre manifestants et policiers ou membres de la Ligue des jeunes du CNDD-FDD (les Imbonerakure), et la répression, brutale, s’est parfois faite à balles réelles. Au moins 70 personnes auraient péri dans les violences et plus de 100 000 Burundais ont déjà fui vers les pays voisins, notamment vers la RDC, le Rwanda et la Tanzanie.

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