Reed Brody (HRW) : « L’expulsion de Laurent Correau du Tchad est incompréhensible »

Présent mardi soir aux côtés de Laurent Correau, envoyé spécial de Radio France Internationale (RFI) lors de son expulsion du Tchad, Reed Brody, conseiller de l’ONG Human Rights Watch (HRW), raconte à « Jeune Afrique » les circonstances violentes de ce départ forcé.

Reed Brody, fervent militant pour l’organisation du procès d’Hissène Habré © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

Reed Brody, fervent militant pour l’organisation du procès d’Hissène Habré © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

ProfilAuteur_EdmondDalmeida

Publié le 24 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Comment s’est déroulée l’expulsion de l’envoyé spécial de Radio France International (RFI) ?

Nous étions en train de dîner au bord de la piscine de l’hôtel où le journaliste Laurent Correau et moi séjournons à N’Djamena. Vers 22 heures, ce mardi 23 juin, deux hommes se disant officiers de la police de l’air et de la frontière sont arrivés et nous ont indiqués qu’ils avaient pour consignes de le conduire à l’aéroport, sans dire qu’il s’agissait d’une expulsion. Nous avons alors pris nos téléphones pour contacter des gens susceptibles de nous expliquer ce qui se passait. Laurent Correau a réclamé un document officiel avant de s’exécuter et moi je demandais à avoir l’identité des deux hommes. Nous avons été giflés très forts lorsque j’ai tenté de filmer leurs macarons. Le journaliste a d’ailleurs perdu ses lunettes tant le coup a été violent. Il a ensuite été embarqué. C’est un autre journaliste présent dans l’avion qui a fini par nous informer de la présence à bord de l’envoyé spécial de RFI.

Le journaliste a d’ailleurs perdu ses lunettes tant le coup a été violent.

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Connaissez-vous les griefs retenus à l’encontre du journaliste ?

Non. Absolument pas. Cette expulsion est incompréhensible. Après coup, que nous avons entendu des explications selon lesquelles le journaliste n’avait pas eu d’autorisation écrite des autorités tchadiennes. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que dans ce pays, en général, le ministre accorde une autorisation verbale avant l’établissement d’un document formel qui intervient des jours après. Je sais que Laurent Correau a suivi les procédures à la lettre puisque dès son premier jour sur place, alors que je l’invitais à assister à des activités, il m’a indiqué qu’il devait absolument rencontrer les autorités pour se conformer aux usages.

Pourquoi n’avez-vous pas été expulsé avec l’envoyé spécial de RFI ?

Nous travaillons en toute transparence et d’ailleurs il est écrit dans mon visa que je suis ici pour l’affaire Habré. Nous faisons absolument tout en règle et je ne me sens pas en insécurité. Je n’ai jamais eu de problèmes avec les autorités tchadiennes. Il faut savoir que quand j’ai été giflé ils ne savaient pas qui j’étais. Je n’étais juste que la personne à côté de Laurent Correau. Ils n’ont pas visé Human Rights Watch.

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Laurent Correau était au Tchad pour réaliser une série de reportages à l’occasion de l’ouverture du procès de l’ancien président Hissène Habré. Pensez-vous que cette affaire indispose jusqu’au au sommet de l’État ?

Je ne vois pas en quoi cette affaire pourrait embarrasser le gouvernement tchadien qui a tout intérêt à collaborer avec la justice africaine. C’est d’ailleurs la raison de ma présence dans le pays. Le Tchad a organisé le procès des anciens membres de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS, police politique). Il y a des questions pendantes pour celui de Hissène Habré – la sécurisation des témoins et des victimes, la retransmission des débats – qui nous montrerons exactement l’attitude du gouvernement tchadien.

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