Deux Marocaines poursuivies en raison de leurs robes jugées trop courtes

Deux jeunes femmes marocaines devront comparaître le 6 juillet prochain devant un tribunal pour « atteintes aux bonnes mœurs ». En cause ? Leurs robes jugées indécentes. La polémique enfle sur la Toile.

Deux Marocaines de 20 ans sont poursuivies à Inezgan, près d’Agadir pour atteinte aux bonnes  moeurs en raison de leurs robes jugées indécentes. © AFP

Deux Marocaines de 20 ans sont poursuivies à Inezgan, près d’Agadir pour atteinte aux bonnes moeurs en raison de leurs robes jugées indécentes. © AFP

Publié le 25 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

« L’affaire de la jupe » avait déjà fait polémique en Algérie, on a trouvé sa réplique au Maroc, près d’Agadir. Depuis la révélation d’une nouvelle affaire de mœurs à Inezgan au sud du Maroc, par le journal Assabah le 18 juin dernier, les réactions sur la toile se multiplient.

Des robes attentatoires à la pudeur

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Dimanche 14 juin, deux jeunes marocaines de 20 ans font leurs courses dans le souk d’Inezgane lorsqu’elles sont interpellées par un commerçant qui pointe du doigt leurs robes jugée attentatoire à la pudeur. Une foule en colère s’amasse alors et se presse autour d’elles.

Traquées, les deux jeunes femmes, craignant pour leur sécurité, se réfugient dans une boutique, en attendant l’arrivée de la police. Or une fois sur place les autorités donnent raison à la foule et reprochent à leurs tours aux deux jeunes femmes leur tenues qui « portent atteinte aux bonnes mœurs ». Celles-ci sont embarquées au poste de police où elles passeront la nuit avant d’être déférées devant le procureur du roi… qui décide de les poursuivre pour atteinte aux bonnes mœurs, rapporte Assabah.

Tollé sur les réseaux sociaux

L’affaire n’a pas tardé à faire réagir les internautes. Parmi eux, la militante Boutaina Elmakoudi a publié une vidéo sur Facebook , qui comptabilise aujourd’hui plus de 40 000 vues. Elle y interpelle ses concitoyens marocains sur une affaire qui « porte atteinte à la femme marocaine, à la femme amazigh» «Ce n’est pas juste l’histoire de ces deux filles, c’est une menace générale pour les libertés individuelles », clame t-elle. Et de regretter, inquiète : «Cet esprit daeshiste qui rampe vers le Maroc et qui pourrait prendre une grande ampleur qui limiterait la liberté des citoyens. » Elle appelle sur son mur Facebook à deux sit-in dont le premier est fixé ce samedi 27 juin à 14h devant la wilaya d’Agadir.

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Une pétition interpellant le ministre de la Justice a également été  lancée sur le net, lundi 22 juin. Intitulée : « Au Ministre de la Justice et des Libertés, mettre un jupe n’est pas un crime ! », elle réclame l’arrêt des poursuites des deux jeunes femmes et comptabilise déjà plus de 5 000 signatures. L’initiatrice la pétition dénonce sur le site Avaaz « une régression  qui ouvre la voie à ceux qui veulent s’imposer comme moralisateurs et prêcheurs » et regrette que le commerçant ainsi que et sa cohorte de plaignants du souk de Inezgan n’aient pas été poursuivis pour agression verbale, et harcèlement. Sur Twitter aussi, les internautes se mobilisent, indignés.

 © Capture d’écran © Twitter

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Une poursuite illégale 

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Le président de la section de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) à Agadir, Abdelaziz Sellami, considère quant à lui l’arrestation des deux jeunes filles comme « une transgression flagrante des libertés individuelles ».

Merciredi 24 juin, c’est le journal Tel Quel dans son édition en ligne, qui dénonçait des poursuites illégales, s’alarmant que « la pression de certains conservateurs semble surplomber le droit. »

L’atteinte aux bonnes mœurs est bien régie par la loi marocaine qui lui consacre une section entière dans son code pénal. L’article 483 de la section IV  évoque notamment « un état de nudité volontaire ». Mais à  aucun moment ne sont définis les critères exacts qui rendraient un vêtement attentatoire aux bonnes mœurs. Le procureur du roi à Inezgane n’a à ce jour pas commenté la polémique… qui devrait continuer à enfler sur la toile.

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