Le clan Ben Ali a privé la Tunisie de 1,2 à 2,6 milliards de dollars d’impôts douaniers

Dans un rapport rendu public le 25 juin, la Banque mondiale affirme que les sociétés appartenant au clan Ben Ali ont massivement fraudé les douanes entre 2000 et 2009, en sous-évaluant les marchandises importées.

Le président Zine el-Abidine Ben Ali, ici avec son épouse Leïla Ben Ali, a dirigé la Tunisie entre 1989 et 2011. © Fethi Belaid/AFP

Le président Zine el-Abidine Ben Ali, ici avec son épouse Leïla Ben Ali, a dirigé la Tunisie entre 1989 et 2011. © Fethi Belaid/AFP

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Publié le 25 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Les trucages de Ben Ali, « tous les Tunisiens en parlaient aux cafés, là, il y a des preuves statistiques », se réjouit Leïla Baghdadi, l’une des trois auteurs du rapport de la Banque mondiale « Réseaux politiques et fraude douanière – Données tirées de l’expérience tunisienne », rendu public ce jeudi 25 juin.

Les chiffres sont sans appel : entre 2000 et 2009, la famille Ben Ali et son entourage ont privé la Tunisie d’environ 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) d’impôts douaniers selon la fourchette basse retenue. Le manque à gagner pourrait grimper à 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros). Une somme non négligeable car les tarifs douaniers représentent 9 % des recettes du budget de la Tunisie.

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Les techniques de fraudes étaient relativement simples. Les sociétés liées au précédant régime sous-évaluaient la valeur et les quantités des marchandises importées pour payer moins de droits de douanes. Sur près de 30 000 entreprises étudiées, la Banque mondiale a constaté que les entreprises proches du clan Ben Ali minoraient en moyenne de 79,7 % les valeurs et de 31,8 % le volume de leurs importations. Par peur des représailles, les douaniers auraient fermé les yeux sur ces pratiques.

Rentable

La Banque mondiale s’est appuyée pour son étude sur les 206 sociétés importatrices parmi les 622 entreprises (au moment des recherches) sous la tutelle de la Commission Nationale de Gestion d’Avoirs et des Fonds objets de Confiscation ou de Récupération en faveur de l’État.

L’institution internationale n’a pas voulu donner la liste de ces 206 sociétés importatrices. « Nous ne sommes pas des policiers », s’est justifié Bob Rijkers, co-auteur du rapport. Mais c’est du côté des entreprises importatrices d’automobiles ou des machines-outils, sujettes aux tarifs douaniers les plus élevés – et donc pour qui la fraude est la plus rentable – qu’il faut regarder. À ce titre, Ennakl automobiles était en pôle-position. La compagnie de Mohamed Sakhr El Materi, gendre de Ben Ali, était en 2010 le leader de la distribution automobile avec 21,5 % de parts de marché. Elle était le représentant exclusif de Volkswagen, Seat, Audi et Porsche en Tunisie. Fin 2012, l’État a vendu les parts confisqués de Mohamed Sakhr El Materi au consortium tunisien Poulina-Parenin – Amen Bank.

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Avec la révolution et la chute de Ben Ali, les fraudes douanières n’ont pas disparu. Au contraire, elles ont progressé de 5 % d’après la Banque mondiale.

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