Le deuxième vice-président du Burundi, Gervais Rufyikiri, s’est enfui en Belgique

Opposé à la perspective du troisième mandat de Pierre Nkurunziza, le deuxième vice-président du Burundi, Gervais Rufyikiri, a fui le pays et a trouvé refuge en Belgique.

Le 2e vice-président du Burundi, Gervais Rufyikiri, lors d’une conférence de presse le 29 octobre 2012 à Genève. © Fabrice Coffrini/AFP

Le 2e vice-président du Burundi, Gervais Rufyikiri, lors d’une conférence de presse le 29 octobre 2012 à Genève. © Fabrice Coffrini/AFP

Publié le 25 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

C’était un ponte du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Gervais Rufyikiri, deuxième vice-président du Burundi et opposé à la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, s’est enfui en Belgique. « J’ai quitté le Burundi (…) parce que je n’étais plus capable de continuer à soutenir l’attitude du président de la République, sa volonté de conduire le peuple burundais sur la voie de l’illégalité », a-t-il déclaré sur France 24 mercredi soir, disant avoir aussi été visé par des « menaces » en raison de ses prises de positions contre une nouvelle candidature du chef de l’État.

Cette défection intervient à quatre jours d’élections législatives controversées, que l’opposition n’exclut pas de boycotter et dont la communauté internationale demande le report compte tenu de la grave crise que traverse le Burundi depuis l’annonce, fin avril, de la candidature de Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, à la présidentielle du 15 juillet.

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Un « dérapage du processus démocratique » au Burundi

Dans une lettre officielle, dont l’AFP a eu copie, Gervais Rufyikiri a également appelé le chef de l’État à « retirer » cette candidature dans l’ »intérêt du peuple burundais ». Cette candidature va conduire le pays à « une véritable crise socio-politique », a-t-il mis en garde, rappelant qu’on en voyait déjà les conséquences avec des dizaines de milliers de Burundais réfugiés dans les pays voisins, des manifestations réprimée de façon « surdimensionnée » par la police et un isolement international croissant d’un pays au bord de l’effondrement économique.

Dénonçant « intimidations » et « menaces » contre opposants politiques et membres de la société civile contraints eux-aussi à « vivre dans la clandestinité ou à s’exiler », le second vice-président a déploré un « dérapage du processus démocratique » au Burundi. Il  a aussi regretté les « sanctions » infligées aux membres du parti au pouvoir, le Cndd-FDD, qui, comme lui, se sont opposés au troisième mandat.

Gervais Rufyikiri était considéré comme l’un des grands intellectuels du régime au pouvoir au Burundi. Professeur d’université, très apprécié de la communauté internationale pour sa rigueur, il a été président du Sénat lors du premier mandat de Nkurunziza de 2005 à 2010 avant de devenir deuxième vice-président en charge des affaires économiques après la réélection du chef de l’État. Il est aussi considéré comme l’un des leaders des frondeurs du parti au pouvoir, qui ont contesté dès le mois d’avril la candidature de Nkurunziza à un troisième mandat. Quelque 130 hauts cadres « frondeurs », ouvertement opposés à ce troisième mandat ont été évincés de leurs postes, menacés, certains emprisonnés et d’autres ont fui en exil ou sont passés dans la clandestinité, disant craindre « pour leur vie ».

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L’ambassade des États-Unis envahie par des étudiants

À Bujumbura, l’ambassade des États-Unis était par ailleurs confinée jeudi après-midi et des marines positionnés sur le toit, après l’intrusion de quelque 200 étudiants venus y chercher refuge. Les étudiants campaient depuis fin avril devant l’ambassade, dont ils demandaient la protection après avoir été chassés de leurs campus au début des manifestations contre le président Pierre Nkurunziza.

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Sous le coup d’un ultimatum de la police pour quitter les lieux jeudi matin, ils se sont réfugiés pacifiquement dans l’enceinte de l’ambassade. Pénétrant dans le complexe en se glissant sous la grille ou en grimpant par dessus les murs, ils se sont ensuite assis dans la cour, bras en l’air. Dans la rue, la police burundaise en a profité pour embarquer les tentes et valises des étudiants. Ces derniers avaient été chassés des résidences universitaires pour des raisons de sécurité alors que les premières manifestations d’opposition à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza secouaient la capitale burundaise.

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