Burundi : climat tendu à l’approche des élections

Matériel électoral incendié, explosion de grenades… : le climat était samedi très tendu au Burundi, à 48 heures de scrutins législatifs et communaux contestés que l’opposition a décidé de boycotter.

Arrestations dans le quartier de Cibitoke, à Bujumbura, le 27 juin 2015. © AFP

Arrestations dans le quartier de Cibitoke, à Bujumbura, le 27 juin 2015. © AFP

Publié le 28 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Vendredi, le gouvernement burundais a confirmé que les élections se tiendraient lundi. Il a ainsi ignoré les appels de l’opposition, de la société civile et de la communauté internationale à reporter les scrutins compte tenu de la grave crise que traverse le pays depuis l’annonce de la candidature du chef de l’État Pierre Nkurunziza à la présidentielle qui suivra ces deux scrutins, le 15 juillet.

L’officialisation de cette candidature à un troisième mandat — Pierre Nkurunziza a déjà été élu en 2005 et 2010 — a déclenché un mouvement de contestation populaire, surtout dans la capitale Bujumbura mais aussi dans quelques villes de province, violemment réprimé par la police. Des manifestations, longtemps quotidiennes, ont aussi été émaillées de heurts avec la Ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure, qualifiée de « milice » par l’ONU.

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Au moins 70 personnes sont mortes dans les violences liées à la contestation, selon une ONG de défense des droits de l’Homme burundaise. Mais plus de 100.000 Burundais ont aussi fui ce climat délétère et rejoint les pays voisins.

C’est dans ce contexte déjà tendu que du matériel électoral a été brûlé, dans la commune de Ntega, à environ 200 km au nord-est de Bujumbura, dans la province de Kirundo.

Selon son gouverneur, Révérien Nzigamasabo, « un groupe de jeunes non identifiés a profité du sommeil des policiers qui étaient de garde » pour mettre le feu au bâtiment qui abritait ce matériel. Des urnes et isoloirs ont brûlé, a-t-il ajouté, affirmant que la population avait pu en sauver une partie.

Signe supplémentaire d’une tension qui monte à l’approche du début des élections générales, deux grenades ont aussi explosé et des tirs ont résonné pendant la nuit de vendredi à samedi dans le quartier de Jabe, à Bujumbura, sans faire de victime, selon des témoins.

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Une autre grenade a explosé dans la province de Ngozi (nord-est), plus précisément dans la commune de Kiremba, d’où est originaire le principal opposant au président Nkurunziza, Agathon Rwasa. Ngozi est aussi la province d’origine du chef de l’État. Des sources administratives locales ont fait état d’un blessé léger.

‘Simulacre’ électoral

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La semaine écoulée avait déjà vu se dérouler une série d’attaques à la grenade dans le pays, qui ont fait au moins quatre morts et des dizaines de blessés.

C’est en raison de ces tensions que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a réclamé un report des élections. Il a suivi la recommandation de son envoyé spécial dans le pays, le Sénagalais Abdoulaye Bathily, à la tête d’une équipe de médiation qui a préconisé un report de tous les scrutins à une même date, le 31 juillet.

Mais le gouvernement refuse, arguant d’un risque de vide institutionnel puisque le mandat de Pierre Nkurunziza s’achève le 26 août. Les délais électoraux seraient selon lui trop réduits.

L’opposition aurait voulu pouvoir éviter un nouveau boycott des élections: elle s’était déjà retirée du processus électoral en 2010, ce qui avait eu pour seule conséquence de l’exclure du paysage politique. Et de clairement la placer en position de faiblesse à l’approche de ces nouveaux scrutins.

Mais elle a finalement jeté l’éponge, affirmant avoir été dans l’impossibilité de faire campagne, se disant la cible permanente de menaces et accusant jusqu’à la Céni d’être aux ordres du pouvoir. Par ailleurs, elle rappelle que depuis mi-mai, date d’un putsch manqué lui aussi motivé par la candidature de M. Nkurunziza, plus aucune radio privée n’émet.

La société civile, en pointe dans la lutte contre un troisième mandat qu’elle juge anticonstitutionnel et contraire à l’accord de paix d’Arusha qui avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile burundaise (1993-2006), lui a emboîté le pas, appelant les citoyens à bouder les urnes pour ne pas cautionner « un simulacre » électoral.

La communauté internationale, qui craint un retour de la violence à grande échelle dans le petit pays des Grands Lacs, a déjà mis en garde le pouvoir contre les conséquences de son passage en force.

La Belgique, ex-puissance colonisatrice, a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas le résultat des scrutins. Les États-Unis ont suspendu leur assistance technique à la Céni.

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