Tunisie : qui est Seifeddine Rezgui, l’auteur de l’attentat de Sousse ?
Il y a encore trois ans, Seifeddine Rezgui était passionné de rap et espérait se produire sur scène. Vendredi dernier, il débarque sur une plage de Sousse armé d’une kalashnikov et fait 39 morts, plongeant la Tunisie dans la tristesse et la stupeur.
Un jeune homme, brun et mince en short noir, qui aurait plus l’allure d’un dragueur de touristes que d’un fou de Dieu… Voilà l’image que pouvait renvoyer Seifeddine Rezgui, avant qu’il ne se radicalise et ne débarque en Zodiac, ce vendredi 26 juin aux alentours de midi, armé d’une kalashnikov sur la plage de l’Hôtel impérial Marhaba de Port El-Kantaoui, prés de Sousse. Là, en 17 minutes, en ce 9e jour du ramadan, il va abattre 39 personnes et en blesser tout autant. Selon les premiers éléments de l’enquête menée par les autorités tunisiennes, le jeune-homme est originaire de Gaafour (Nord-Ouest), il est le cadet d’une famille moyenne et étudiait l’informatique à l’Université de Kairouan. Comment en est-il arrivé là ?
C’est dans cette dernière ville du nord de la Tunisie, qui a été considérée comme le troisième lieu saint de l’islam, que l’on peut en savoir plus sur celui qui a été abattu par les forces de l’ordre alors qu’il tentait de prendre la fuite après le massacre. Mais sa trace est difficile à suivre. Effrayés ou complices, ses trois colocataires, dans la nuit du 26 juin, ont littéralement vidé l’appartement qu’ils occupaient dans un quartier à prédominance salafiste proche du centre ville. Soumis à interrogatoire depuis 48 heures, le propriétaire de l’habitation en dira surement plus aux policiers sur Seifeddine et ses compagnons. Les commerçants du coin, quant à eux, assurent que c’était « un gentil garçon, timide et introverti » comme tant d’autres.
Appels à la violence
Mais celui qui faisait l’apologie du jihad sur les réseaux sociaux n’était pas un solitaire. Lui et son groupe d’amis étudiants étaient bien connus du café El Jeraba, non loin du bureau de poste, où ils s’installaient durant des après midi entiers. Ces voisins, dont un fabriquant de tapis, spécialité de la ville, confient avec une grande gêne que le jeune homme fréquentait deux mosquées dont l’une a été récemment fermée pour appels à la violence par le ministère de l’Intérieur. Mais ni les autorités, ni sa famille et encore moins ses amis ne se sont inquiétés de sa radicalisation.
De fait, il y a encore trois ans, Seifeddine était passionné de rap et de break dance. Il faisait volontiers filmer ses exhibitions dans l’espoir de pouvoir se produire un jour sur scène. Depuis, il a choisi une autre voie pour se faire connaître, se déplaçant jusqu’à Tunis pour suivre les enseignements d’une école coranique à El-Manar, connue pour être fréquentée par des salafistes et ayant toutes les autorisations pour avoir pignon sur rue. Entre prières et prosélytisme religieux, on y parle aussi d’actions. Seifeddine, lui, passera à l’acte. Qui l’a encadré ? Où s’est-il procuré son arme ? Où s’est-il entraîné, puisqu’ il maîtrisait totalement le tir à la Kalashnikov ?
Autant de questions auxquelles devra répondre l’enquête alors qu’il est certain que Seifeddine n’a pas quitté la Tunisie officiellement, son passeport étant vierge de tout timbre. « Il aurait pu passer clandestinement en Libye et revenir sans laisser de traces », estime un des enquêteurs du dossier de l’attentat commis au musée du Bardo le 18 mars dernier. En tout cas, à Tunis comme à El-Kantaoui, les auteurs des deux premiers attentats qui ont touché des civils en Tunisie présentent des profils à la similitude troublante.
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