Africa CEO Forum : « Vous les hommes d’affaires, vous êtes trop timides »
Sous le titre « Quelle croissance pour l’Afrique dans une économie mondiale en crise », les experts invités dans le cadre du Africa CEO Forum ont exploré l’impact de la crise, tout particulièrement en Europe, sur la croissance africaine… et tenté d’apporter des solutions.
L’économie mondiale reste fragile et le contexte très volatile. Pour Michael Lalor, associé du cabinet de conseil Ernst & Young en charge de la cellule de recherche dédiée à l’Afrique, « l’Europe, tout particulièrement importante pour l’Afrique, est malade. Le problème de la dette reste préoccupant et les gouvernements ont beaucoup moins de marge de manœuvre fiscale qu’en 2009. Si bien que, en cas de nouveau choc, ils ne pourront pas intervenir aussi largement. »
Résilience
Le secteur du BTP sera le plus grand pourvoyeur de main d’oeuvre, mais à condition qu’elle ne soit pas chinoise.
Paul Collier, Oxford University
Michael Lalor note cependant que les marchés émergents s’en sortent mieux avec deux régions qui ressortent tout particulièrement : l’Asie bien sûr, mais aussi l’Afrique. Du point de vue de Ernst & Young, malgré l’impact inévitable de la situation économique en dehors du continent, les perspectives restent excellentes. La durabilité de cette croissance est remarquable en ceci qu’elle concerne toutes les économies d’Afrique, qu’elles soient riches en matières premières, enclavées, très peuplées ou pas. D’après le cabinet, le commerce intra africain, dont on accuse la faiblesse, a lui aussi augmenté sur les dernières années et pourrait commencer à constituer un amortisseur en cas de choc exogène. Il note enfin que les investissements intra africains ont augmenté de 42% depuis 2007.
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Pour Lionel Zinsou, la résilience de l’Afrique est exceptionnelle, alors même qu’elle est de plus en plus intégrée au commerce mondial : « La croissance africaine est fondamentalement endogène. Le solde du commerce extérieur montre que les échanges ne sont pas la base de cette croissance. »
Apport chinois
Selon Paul Collier, directeur du Centre d’études des économies africaines à l’université d’Oxford, les industries chinoises délocalisées en Afrique pourraient devenir d’importants employeurs sur le continent à condition de savoir les attirer via des ports adossés à des zones économiques dotées de conditions avantageuses. Une offensive de l’empire du milieu qui doit être cependant maîtrisée. « Le secteur du BTP sera le plus grand pourvoyeur de main d’oeuvre, mais à condition qu’elle ne soit pas chinoise, insiste l’économiste. Et d’ajouter : aujourd’hui, la plupart des habitants vivent dans des bidonvilles, mais ce n’est pas une fatalité. Cela représente à la fois une immense perte de productivité et une opportunité d’investissement gigantesque. »
Vous les hommes d’affaires, vous êtes trop timides : vous avez peur de parler aux gouvernements !
Mo Ibrahim
Macroéconomie
Mo Ibrahim (fondateur d’un des premiers groupes de téléphonie en Afrique, Celtel) a quant à lui lancé un appel aux hommes d’affaires africains : « Nous avons besoin d’actions courageuses de la part des gouvernements africains. Toutes les organisations panafricaines sont en place, mais on est bien en deçà des attentes ! Mais l’Afrique n’a pas de futur sans cette intégration. Nous avons besoin du libre mouvement du capital, des populations et des biens à travers l’Afrique. Vous les hommes d’affaires, vous êtes trop timides : vous avez peur de parler aux gouvernements ! ».
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