Maroc : enfin une vraie libéralisation du tabac ?

Le gouvernement marocain veut réformer la loi sur le tabac qui donne, malgré le début de la libéralisation du secteur en 2011, un monopole de fait à l’opérateur historique, Imperial Tobacco, avec plus de 80% de parts de marché.

Imperial Tobacco fait cavalier seul au Maroc avec ses marques phares Marquise, Gauloises et Fortuna. © Hassan Ouazzani/JA

Imperial Tobacco fait cavalier seul au Maroc avec ses marques phares Marquise, Gauloises et Fortuna. © Hassan Ouazzani/JA

Publié le 19 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

La commission des finances au parlement vient de valider un projet de loi qui risque de chambouler l’ordre établi dans le secteur marocain du tabac. Libéralisé à partir de janvier 2011, le secteur souffrait pourtant d’une énorme barrière à l’entrée qui entravait le libre jeu de la concurrence, au profit de l’opérateur historique, l’ex-Régie publique des Tabacs, rachetée en 2003 par Altadis, devenue Imperial Tobacco Maroc. En clair, la loi sur le tabac stipulait que tout nouveau produit ne pouvait être vendu à un prix inférieur à la moyenne arithmétique des produits déjà existants, une moyenne qui s’établit aujourd’hui à 27,15 DH. Résultat : les nouveaux entrants se confrontaient à cette barrière de prix et ne pouvaient mettre sur le marché des produits à un prix inférieur.

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Or plus de 80% du marché du tabac au Maroc se joue en dessous de cette frontière, et Imperial Tobacco y fait cavalier seul avec ses marques phares Marquise (vendue à 17,50 DH), Gauloises et Fortuna (vendues respectivement à 22 et à 20 DH). « À la suppression, à compter du 31 décembre 2010, du monopole de l’État relatif à l’importation et la distribution en gros des tabacs manufacturés s’est substitué un monopole privé en consacrant un prix minimal d’entrée pour les nouvelles marques de même catégorie », signale la note de présentation du projet de loi qui devra entrer en vigueur à partir de 2013. « Considérant que le système de prix minimal porte atteinte au libre jeu de la concurrence et ne respecte pas les engagements internationaux du Maroc, il est proposé de supprimer l’obligation de prix minimal pour les nouvelles marques de tabacs manufacturés introduites sur le marché », souligne la même note du ministère des Finances.

La fin du monopole

« Cela fait deux ans qu’on ne cesse de monter au créneau pour fustiger cette barrière à l’entrée. Avec cette réforme, on est un peu soulagés. On espère aujourd’hui que les choses vont aller vite, pour nous permettre de jouer enfin à armes égales », explique un cadre de l’un des nouveaux opérateurs du marché.  Générant un chiffre d’affaires de plus de 16 milliards de dirhams, le secteur du tabac est l’un des secteurs les plus prospère de l’économie marocaine, avec une croissance moyenne de 5% sur les cinq dernières années. Les 15 millions de fumeurs marocains consomment pour la majeure partie des marques low cost vendues à 22 DH maximum. Longtemps monopolisé par Imperial Tobacco (l’ex-Régie des Tabacs), le secteur compte depuis début 2011 deux nouveaux opérateurs : British Americain Tobacco et Japan International Tobacco, respectivement numéros 2 et 3 mondial du secteur.

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Ces derniers n’arrivent pourtant pas à percer et comptent tous deux une part de marché inférieure à 10%. La levée de la barrière du prix devrait leur permettre de mettre sur le marché des produits compétitifs à destination des 15 millions de fumeurs marocains, et leur permettra surtout de jouer à armes égales avec l’opérateur historique, Imperial Tobacco.

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