Sénégal : Simpa met le paquet

On doit notamment à Simpa le café Touba en sticks. Avec une production mensuelle de 1 300 tonnes d’emballages, l’entreprise a multiplié son chiffre d’affaires par dix en vingt ans. Sa recette : investir et innover.

La société compte Nestlé et Patisen parmi ses clients. © Sylvain Cherkaoui/JA

La société compte Nestlé et Patisen parmi ses clients. © Sylvain Cherkaoui/JA

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 30 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Quand Nestlé est arrivé au Sénégal avec ses dosettes individuelles de Nescafé, le succès a été immédiat. Alors que les épiciers avaient pris l’habitude de doser le café dans des bouts de sacs plastique, le géant de l’agroalimentaire leur a mâché le travail. Des guirlandes de dosettes pendent désormais à tous les étals du pays. Le groupe suisse a même décliné le fameux café Touba (au poivre de Guinée) au format stick. Si ce dernier produit n’a pas le même goût que celui concocté dans la rue, il n’en demeure pas moins un best-seller exposé aujourd’hui au siège de la firme, à Vevey, au bord du lac Léman. Le secret de sa fabrication, pourtant, ne réside pas dans les laboratoires de recherche high-tech de la multinationale… mais dans une usine de la banlieue de Dakar.

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« Quand je l’ai rachetée, en 1991, elle était au bord de la faillite », raconte Ibrahim Hawili, patron de la Société industrielle moderne des plastiques africains (Simpa), dont les 45 000 m2 d’entrepôts, d’ateliers et de bureaux s’étendent le long de la route de Rufisque. Pendant une décennie, l’homme d’affaires tente de maintenir à flot l’usine, qui ne produit alors que des emballages rigides, de la petite sacherie, des bassines et des seaux. Alors que les contenants utilisés par les entreprises sénégalaises sont pour la plupart importés, il lance un travail de réflexion autour du packaging, de l’outil de production et des études de marché.

SimpaRecyclage

À partir de 2004, l’entreprise enclenche un plan d’investissement de 22 milliards de F CFA (33,5 millions d’euros). Nouvelles machines, nouveaux produits – dont les fameux sticks -, recyclage des déchets, atelier d’encre pour les impressions… Le risque pris est important. « En 2005, la situation financière a été difficile. Nous n’avons senti un début d’intérêt pour nos nouveaux produits que fin 2006 », se souvient Ibrahim Hawili. Dès 2007, l’usine sature et n’arrive plus à fournir ses nombreux clients.

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Car non seulement Simpa a gagné la plupart des contrats des entreprises étrangères (Nestlé, Barry Callebaut, La Croix, Colgate…), mais en plus il accompagne l’essor de nouvelles industries sénégalaises comme Patisen, leader des bouillons en cube et des pâtes à tartiner. Le modèle est simple : Simpa travaille avec le client sur le packaging, le design et le logo, conçoit la machine, lance la production de l’emballage et conditionne lui-même le produit. Puis, si celui-ci est un succès, il revend la machine au client et ne se préoccupe plus que de fournir les contenants. Tel a été le cas avec Patisen.

Export

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« Aujourd’hui, tout le monde s’est mis au stick : on en fait même pour l’eau de javel ! » s’enthousiasme le patron. En 2008, il a multiplié par 2,5 ses capacités de production et s’est mis à exporter : Côte d’Ivoire, Angola, Gabon, RD Congo, Cameroun… Prochainement, il pourrait même signer un contrat avec une entreprise espagnole et faire ainsi un premier pas en Europe. De 2,4 milliards de F CFA en 1991, le chiffre d’affaires est passé à 25 milliards en 2012 et pourrait atteindre 30 milliards en 2013. L’entreprise emploie 350 permanents et 450 journaliers, et produit 1 300 tonnes d’emballages par mois.

Pour ne pas relâcher la pression, Simpa vient de lancer un nouveau plan d’investissement de 5,4 milliards de F CFA afin de se lancer dans le thermoformage, technique qui permet notamment de fabriquer des pots de yaourt. La production devrait ainsi atteindre 1 500 t par mois. Jusque-là, l’entreprise se passe des bailleurs de fonds : la Société financière internationale et Proparco auraient frappé à sa porte, mais le prêt bancaire reste la norme chez Simpa. « Nous avons juste obtenu 2 millions d’euros de l’Agence française de développement pour réduire notre consommation énergétique, et nous revendrons d’ailleurs bientôt des crédits carbone », conclut Ibrahim Hawili… emballé par l’idée. 

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