Saïd Assoumani : « Depuis 2009, aucune leçon n’a été tirée du crash de la Yemenia »

Saïd Assoumani, président de l’Association des familles des victimes du crash de l’avion de la Yemenia en 2009, qui avait fait 152 morts au large de Moroni, déplore le blocage des procédures d’indemnisations en cours.

Les proches des victimes se mobilisent à Marseille, en 2011. © Bertrand Langlois/AFP

Les proches des victimes se mobilisent à Marseille, en 2011. © Bertrand Langlois/AFP

Publié le 1 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Il y a six ans, le 30 juin 2009, l’avion de la Yemenia reliant Sanaa à Moroni s’abîmait en mer au large des Comores. À son bord, 153 passagers, dont seule une adolescente avait survécu.

Depuis le crash, la colère s’est ajoutée à la tristesse pour les proches des victimes. Car si la compagnie aérienne Yemenia a été condamnée par le tribunal d’Aix-en-Provence à verser aux ayants-droit quelque 30 millions d’euros, les réparations se font toujours attendre, explique à Jeune Afrique Saïd Assoumani, président de l’Association des familles des victimes de la catastrophe aérienne.

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Jeune Afrique : La Yemenia a été condamnée en février 2015 à verser près de 30 millions d’euros à plus de 500 ayants droit de 70 des 152 passagers tués. Les indemnités ont-elles été reçues ?

Saïd Assoumani : Depuis le jugement, nous n’avons reçu aucune indemnité. Le 8 mai, presque la moitié de la somme – soit 15 millions d’euros – a été transférée au ministère de la Justice.

Mais la Yemenia a ensuite déposé deux requêtes concernant le jugement, et a fait appel de la décision. La procédure est donc pour l’heure figée.

La Yemenia a été mise en examen en novembre 2013 pour « homicides involontaires ». Où en est cette procédure pénale ?

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Elle n’avance pas, le dossier est vide. La Yemenia ne collabore pas, la compagnie a seulement donné quelques renseignements à la justice.

Il n’y a aucune pression de la justice française pour en obtenir davantage, malgré nos demandes. À chaque fois, on nous répond avec courtoisie, mais sans résultat. Nous demandons une pression diplomatique, comme cela devrait avoir lieu pour ce type de catastrophe.

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Mais nous ne sommes pas naïfs, nous savons qu’il y a derrière des enjeux considérés comme plus importants que nous, tel que l’achat d’Airbus par la Yemenia…

Face aux procédures qui piétinent, certains ont choisi de négocier directement avec la compagnie. Dans quel état d’esprit se trouvent les proches des victimes ?

Certaines familles sont à terre, c’est très long et donc éprouvant. Nous avons heureusement des avocats très dévoués et efficaces pour nous accompagner.

La compagnie comme leurs assureurs voudraient que nous baissions les bras. Mais nous le ferons pas, nous gardons espoir !

Moins d’un an avant la catastrophe, la communauté comorienne avait manifesté contre les « avions poubelles » effectuant la liaison entre Marseille et Moroni. La situation a-t-elle changé depuis le crash ?

C’est toujours le parcours du combattant pour se rendre aux Comores depuis Marseille. Le vol coûte très cher, est souvent extrêmement long, et reste parfois assuré par des compagnies douteuses. Depuis 2009, aucune leçon n’a été tirée du crash !

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