Le marocain Diana Holding manque son putsch sur le français Belvédère

Décidé à prendre le contrôle du conseil d’administration du géant français des spiritueux, propriétaire de la marque Marie Brizard, le groupe marocain Diana Holding a dû faire marche arrière lors d’une assemblée générale qui s’est tenue le 30 juin.

Le groupe marocain Diana Holding est détenu par la famille Zniber. © DR

Le groupe marocain Diana Holding est détenu par la famille Zniber. © DR

Publié le 1 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Malgré l’agitation des dernières semaines, l’assemblée générale du groupe Belvédère (rebaptisé Marie Brizard Wine & Spirits du nom de la célèbre liqueur dont il est propriétaire) s’est déroulée le mardi 30 juin en toute harmonie. Mais elle a en même temps signé l’échec de la stratégie de prise de contrôle menée depuis mai 2015 par le groupe marocain Diana Holding et son allié de circonstance, le groupe Castel.

C’est en octobre 2014 que Diana Holding est devenu actionnaire de référence du groupe français, avec 13,14 % des parts. Solidement implanté sur le marché mondial des spiritueux avec un chiffre d’affaires de 716 millions en 2014 et des marques prestigieuses comme le whisky William Peel, la vodka Sobierski et Marie Brizard, Marie Brizard Wine & Spirits est en redressement judiciaire et le conglomérat marocain, leader dans le vin, voit dans cette participation une manière de s’étendre au-delà de ses frontières. Il se révèle rapidement gourmand. Après avoir obtenu un premier siège au conseil d’administration pour Rita Maria Zniber, la dirigeante du groupe, puis un second pour Medhi Bouchaara, le groupe marocain s’allie à partir de mai 2015 avec DF Holding, contrôlée par la famille Castel. Avec 22,97 % du capital, les deux alliés entendent mettre à profit leurs réseaux pour développer la distribution des spiritueux sur les continents asiatique et africain.

Contrôle

Ils demandent alors la démission des quatre administrateurs indépendants du groupe français dont le président, Benoît Hérault, et exigent la majorité : sur huit membres, quatre indépendants et quatre représentants de Diana Holding et Castel. Avec la voix prépondérante dévolue à la présidence, qui serait assumée par Rita Maria Zniber, Diana Holding s’assurerait ainsi le contrôle de Marie Brizard Wine & Spirits sans même en payer le prix par le lancement d’une OPA.

L’offensive a suscité de vives réactions. L’Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) monte au créneau et dénonce une « tentative de putsch » tandis que SPC Lux Sarl, détenant 4,8 % du capital, demande la révocation de tous les mandats. Mais c’est l’entrée dans le capital de La Martiniquaise, un important groupe de spiritueux français propriétaire notamment du whisky Label 5, du rhum Saint James ou du Porto Cruz, qui mettra finalement tout le monde d’accord. Le 29 juin, celui qui est depuis peu deuxième actionnaire de Marie Brizard Wine & Spirits avec un peu plus de 6 % du capital annonce son attachement à « l’indépendance du conseil d’administration ».

Exigences revues

Diana Holding accepte de revoir ses exigences à la baisse. La veille de l’assemblée générale, le conseil d’administration parvient à trouver un terrain d’entente, sur la base de cinq administrateurs indépendants – dont quatre étaient déjà présents dans le précédent Conseil –, quatre administrateurs représentant Diana Holding et Castel et un administrateur pour le groupe La Martiniquaise. « Le mois de juin aura été très compliqué puisqu’il y avait des dissensions entre le concert (Diana Holding et Castel, NDLR) et les administrateurs indépendants. Il fallait trouver une solution avant l’assemblée générale. La réunion du conseil de lundi était essentielle. Elle a permis d’enterrer la hache de guerre, » explique Benoit Hérault, qui a conservé son poste de président. À la sortie de l’assemblée générale, à Paris, Rita Maria Zniber s’est refusée à tout commentaire.

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