Terrorisme en Tunisie : Sefeiddine Rezgui a été entraîné par Ansar al-Charia à Sabratha, en Libye

Selon Tunis, Seifeddine Rezgui, l’auteur présumé de l’attentat sanglant à Port El Kantaoui, près de Sousse, s’est formé au maniement des armes en Libye avant de revenir en Tunisie.

Des touristes se recueillent sur la plage de Sousse le 28 juin 2015 après l’attaque qui a fait 38 morts. © Kenzo Tribouillard/AFP

Des touristes se recueillent sur la plage de Sousse le 28 juin 2015 après l’attaque qui a fait 38 morts. © Kenzo Tribouillard/AFP

Publié le 1 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Selon Rafik Chelly, le secrétaire d’État chargé de la Sûreté nationale, Seifeddine Rezgui, l’auteur présumé de l’attaque terroriste qui a fait 38 morts dans un hôtel près de Sousse, « est allé en Libye de manière illégale ». « Il a été formé (au maniement des armes) à Sabratha », à l’ouest de Tripoli, a-t-il ajouté.

Retour sur les faits. Vendredi 26 juin, un étudiant tunisien de 23 ans, identifié comme Seifeddine Rezgui et armé d’un kalachnikov qu’il avait caché dans un parasol, a ouvert le feu contre des vacanciers sur une plage et au bord des piscines de l’hôtel Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, près de Sousse. Trente-huit personnes, en majorité des touristes britanniques, ont été tuées dans l’attaque revendiquée par le groupe État islamique (EI), le pire attentat jihadiste de l’histoire de la Tunisie.

D’après Rafik Chelly, l’assaillant se trouvait en Libye en même temps que les deux auteurs de l’attentat perpétré contre le musée du Bardo, à Tunis, le 18 mars, déjà revendiqué par l’EI. Les trois jeunes gens se sont peut-être connus, ils auraient été formés ensemble dans le même camp mais il n’était pas possible de le confirmer dans l’immédiat, selon le secrétaire d’État. « Ils se sont absentés (de Tunisie) à la même période. Et en principe, à Sabratha, il y a un seul camp qui entraîne les jeunes Tunisiens », a-t-il dit.

BCE : « C’est vrai que nous avons été surpris par cette affaire »

Rafik Chelly n’a pas pu préciser la date à laquelle Rezgui et les assaillants du Bardo, Yassine Abidi et Jabeur Khachnaoui, ont d’après lui séjourné en Libye. Mais après l’attentat du Bardo, le secrétaire d’État avait indiqué que ces deux derniers s’y étaient rendus en décembre. Il a en outre indiqué que le camp en question dépendait du groupe jihadiste Ansar al-Charia.

Pour l’analyste tunisien Slaheddine Jourchi, cette information vient confirmer le « réel danger » du chaos libyen pour la Tunisie. « Notre sécurité est liée aux développements en Libye. Malgré les mesures sécuritaires tunisiennes, il y a des réseaux capables de franchir la frontière pour amener des jeunes vers des camps en Libye, les former au type d’armes qu’ils vont utiliser dans leurs attaques puis les ramener en Tunisie pour faire appel à eux le moment venu ».

Plus tôt, le président Béji Caïd Essebsi avait reconnu que les forces de l’ordre n’étaient pas préparées à l’éventualité d’une attaque sur une plage : « C’est vrai que nous avons été surpris par cette affaire », a-t-il dit à la radio Europe 1. Après le Bardo, des jihadistes avaient menacé de lancer de nouvelles attaques en été. « S’il y a des défaillances, des sanctions seront prises immédiatement », a assuré Béji Caïd Essebsi. Selon plusieurs témoignages, l’attaque de vendredi aurait duré une trentaine de minutes sans que les forces de l’ordre interviennent.

Sévère impact économique

Un nombre indéterminé de personnes ont été arrêtées en lien avec l’attaque. Le gouvernement a décidé d’armer la police touristique et de la renforcer par un millier d’agents supplémentaires, à partir de mercredi, pour protéger hôtels, plages et sites touristiques.

La Grande-Bretagne a payé le plus lourd tribut dans l’attaque avec 25 ressortissants tués. Mais le bilan pourrait monter à 30 morts britanniques selon Londres. Deux Allemands, trois Irlandais, une Portugaise, une Belge et une Russe figurent aussi parmi les victimes. Outre le choc qu’elle a suscité en Tunisie et à l’étranger, cette attaque risque d’avoir un impact économique de plus de 450 millions d’euros en 2015, selon le ministère du Tourisme.

Des milliers de touristes ont par ailleurs été évacués par leurs voyagistes. De son côté, le syndicat des agences de voyages françaises (Snav) a indiqué enregistrer « 80% d’annulations et de demandes pour une autre destination » pour juillet.

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