Selon Prosper Ntahorwamiye, porte-parole de la Commission électorale (Ceni), « le dépouillement est terminé dans tous les bureaux de vote sur l’ensemble du territoire burundais. Au moment où nous parlons, les résultats sont en train d’être centralisés au niveaux des communes ». Les chiffres seront ensuite centralisés au niveau des 18 provinces, puis ceux des législatives agrégés à l’échelle nationale par la Ceni.
La communauté internationale a quasi-unanimement dénoncé la tenue de ces scrutins par les autorités burundaises, sourdes aux appels à les reporter. L’opposition et la société civile, en pointe dans le mouvement de contestation, avaient elles appelé au boycott et ont fustigé une « parodie d’élections ». Les candidats élus lundi « ne seront pas nos députés. Ils ne nous représenteront ni aux conseils communaux ni au Parlement. Ils tenteront de représenter leur maître Nkurunziza, mais le pays nous appartient. Nous ne l’accepterons pas », a lancé sur Facebook un des dirigeants de la contestation, Pacifique Nininahazwe.
Le dépouillement, notamment à Bujumbura, s’est déroulé dans des conditions de cafouillage extrême, parfois à la belle étoile, sans observateur.
Deux mois de contestations et de violences
L’Union européenne, principal partenaire du Burundi, a qualifié la tenue des élections lundi de « fait grave » susceptible d’ »exacerber la crise » et menacé de mettre en branle les mécanismes menant à la suspension de sa coopération avec ce petit pays d’Afrique des Grands Lacs, très largement dépendant de l’aide extérieure. Les États-Unis se sont dits « profondément déçus » par la tenue des législatives organisées dans « des conditions terriblement inadéquates ».
Ni l’UE, ni – fait rarissime – l’Union africaine, n’avaient déployé d’observateurs pour ces élections. Le dépouillement, notamment à Bujumbura, s’est déroulé dans des conditions de cafouillage extrême, parfois à la belle étoile, sans observateur.
L’ONU, les partenaires américains et européens du Burundi, l’Union africaine et les pays voisins, avaient tous estimé que le climat actuel au Burundi ne permettait pas d’y tenir des élections crédibles, après deux mois de contestation émaillée de violences contre une candidature du président Nkurunziza à la présidentielle prévue le 15 juillet. Ces violences liés à la contestation ont fait au moins 70 morts depuis fin avril et poussé plus de 120 000 Burundais à fuir leur pays.
Une participation très variable selon les régions
À l’approche des scrutins, la communauté internationale a souligné le climat d’intimidation entretenu par les « Imbonerakure » – les jeunes du parti présidentiel Cndd-Fdd – qualifiés de « milice » par l’ONU ainsi que la fermeture des médias indépendants, détruits durant une tentative de coup d’État militaire en mai et empêchés depuis de réémettre.
Malgré tout, le camp présidentiel s’est dit lundi « très satisfait » du vote, auquel les Burundais ont selon lui participé « massivement ». Sur le terrain, la participation a été très variable selon les régions : massive dans les régions rurales de province acquises au président Nkurunziza, moyenne dans certaines zones provinciales plus partagées, très faible dans les fiefs de l’opposition. Les résultats provisoires des communales « devraient être connus aujourd’hui (mardi) ou demain » et les premiers résultats des législatives pas avant mercredi, a ajouté Prosper Ntahorwamiye, précisant qu’il était « impossible » de donner un chiffre de participation avant la compilation des résultats.
Ces scrutins marquaient la première étape d’un processus électoral controversé au Burundi, dont la prochaine sera la présidentielle où Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, briguera un troisième mandat contraire à la Constitution selon ses adversaires. Les conseillers communaux élus lundi choisiront le 24 juillet les sénateurs.