Sécurité, visas, subventions : la Tunisie veut sauver sa saison touristique
Selma Rekik, la ministre tunisienne du Tourisme, a évoqué cette semaine plusieurs mesures que l’État compte mettre en oeuvre pour sauver la saison touristique 2015 du pays d’Afrique du Nord. L’impact de l’attaque du 26 juin pourrait atteindre un milliard de dinars (458 millions d’euros).
Les autorités tunisiennes comptent mener sur plusieurs fronts la bataille pour protéger l’industrie touristique du pays, après l’attaque terroriste du 26 juin dernier, durant laquelle un étudiant armé d’une Kalachnikov a ouvert le feu sur les vacanciers près de l’hôtel Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, près de Sousse, faisant 38 morts – dont 30 Britanniques – et une quarantaine de blessés.
Mesures
Durant une conférence de presse organisée dans la soirée du 29 juin, Selma Rekik, la ministre tunisienne du Tourisme, a évoqué un train de mesures en vue de maintenir l’attractivité touristique du pays. Parmi celles-ci : l’annulation du timbre de sortie du territoire imposé aux étrangers, une subvention de 30 % sur les tarifs de transport pour les Tunisiens résidents à l’étranger, l’annulation de la demande préalable de visa pour les citoyens de six pays parmi lesquels l’Angola, le Burkina Faso, Chypre et la Biélorussie, l’octroi de visas d’entrée à l’arrivée en Tunisie aux hommes d’affaires de la Chine, de l’Inde, de l’Iran et de la Jordanie.
Le programme contient aussi plusieurs mesures d’appui financier aux opérateurs du secteur touristique. Parmi les possibilités à l’étude : le rééchelonnement de leurs créances fiscales et des sommes dues aux sociétés nationales de l’eau (Sonede) et de l’électricité (STEG), la réduction du taux de la TVA de cette industrie de 12 % à 8 % et la garantie de crédits pour le financement des activités pour 2015 et 2016.
Peu de détails ont été fournis pour l’instant sur le coût et sur le délai de mise en oeuvre de ces mesures de soutien dont plusieurs pourraient nécessiter l’approbation formelle du Parlement avant d’être appliquées. Quant au manque à gagner entraîné par l’attaque du 26 juin, Selma Rekik s’est dite incapable « de donner de chiffre exact », mais qu’il pourrait atteindre « au moins un milliard de dinars pour 2015 (plus de 458 millions d’euros, NDLR) ».
Sur le volet sécuritaire, le gouvernement a choisi d’aller assez vite et a annoncé que la police touristique serait armée – une première selon les autorités – et qu’un millier d’agents de sécurité armés viendraient la renforcer à partir de ce mercredi 01 juillet. Ces agents doivent être déployés à l’intérieur et à l’extérieur des hôtels, sur les plages et dans les sites touristiques et archéologiques.
Milliers
La réaction des autorités tunisiennes est une indication du péril dans lequel se trouve l’industrie touristique du pays. En effet, c’est par milliers que les voyagistes et tour-opérateurs européens comptent désormais les demandes d’annulation de séjours prévus dans le pays pour les mois de juillet et août.
Durant le week-end dernier, “plus de 3 000 touristes ont quitté Sousse”, a constaté Saloua Kadri, commissaire au tourisme de cette ville. Le Syndicat français des agences de voyages (Snav), estime qu’entre 6000 et 8 000 annulations et demandes de changements de destinations ont été enregistrés en France parmi les réservations de voyages avec hôtel en Tunisie. Le Seto, qui regroupe 70 tours-opérateurs français, évalue entre 12 000 et 25 000 les demandes de changement de destinations introduites pour les réservations de juillet pour la Tunisie.
En Belgique, ce sont plus de 15 000 touristes qui sont concernés par l’annulation des voyages prévus entre juillet et août à destination de la Tunisie, signale le voyagiste Neckermann, filiale du britannique Thomas Cook.
(Avec agences)
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