Sinaï : entre l’armée égyptienne et l’État islamique, « c’est la guerre »

Le groupe jihadiste État islamique (EI) a lancé mercredi une série d’attaques sans précédent contre l’armée égyptienne dans le Sinaï. Ces affrontements meurtriers ont fait des dizaines de morts.

Des militaires égyptiens dans la désert du Sinaï, le 21 mai 2013. © AFP

Des militaires égyptiens dans la désert du Sinaï, le 21 mai 2013. © AFP

Publié le 2 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

C’est un nouveau coup dur pour le régime du président Abdel Fattah al-Sissi. Mercredi 1er juin, une vague d’attaques terroristes commises par la branche égyptienne de l’État islamique (EI) a fait des dizaines de morts dans la région du Sinaï, dans le nord-est de l’Égypte.

Après cette vague d’attentats coordonnés, des affrontements ont éclaté entre soldats et assaillants, tandis que des chasseurs F-16 de l’armée ont bombardé les positions de l’EI. Les jihadistes se sont finalement retirés, au bout de presque huit heures de combat.

Au moins 70 soldats et civils ont été tués dans ces violences, selon des responsables égyptiens de la santé et de la sécurité. Dans un communiqué, l’armée a elle fait état de 17 soldats tués et de 100 jihadistes abattus, sans qu’il soit possible dans l’immédiat d’expliquer l’écart entre ces bilans.

Des attaques coordonnées

Ces pertes sont parmi les plus lourdes subies par l’armée dans le Sinaï, bastion du groupe Ansar Beït al-Maqdess, la branche de l’EI dans cette région, où elle a multiplié les attentats contre les forces de l’ordre depuis la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi, en 2013.

Les jihadistes affirment d’ailleurs agir en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les pro-Morsi et qui a fait plus de 1 400 morts. Les violences de mercredi interviennent alors que l’Égypte marque vendredi le deuxième anniversaire de l’éviction du président islamiste. Au Caire, un haut responsable des Frères musulmans, Nasser al-Houfi, et huit membres de la confrérie islamiste dont est issu Mohamed Morsi, ont également été tués mercredi dans un raid policier.

Dans le Sinaï, les jihadistes avaient lancé peu après l’aube une série d’attaques coordonnées d’une ampleur sans précédent contre plusieurs positions de l’armée, utilisant notamment des voitures piégées. L’une des attaques, menée avec une voiture piégée contre un check-point au sud de Cheikh Zouweid, près d’Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï, a coûté la vie à 15 soldats. « C’est la guerre », indiquait à l’AFP un haut responsable militaire. « Vu le nombre de terroristes mobilisés et l’armement utilisé, (ces attaques sont) sans précédent. »

Avant de se retirer, les jihadistes ont miné les abords d’un commissariat de Cheikh Zouweid pour empêcher l’arrivée de renforts, prenant position sur les toits des immeubles alentours pour attaquer le bâtiment avec des lance-roquettes. Des chasseurs F-16 de l’armée ont alors bombardé les positions jihadistes.

Assassinat du procureur général

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, l’EI a revendiqué des attaques contre une quinzaine de barrages militaires, précisant que trois kamikazes avaient participé aux assauts. Dans la nuit, l’aviation a repris ses frappes visant des positions de l’EI.

Les attaques de mercredi surviennent au surlendemain de l’assassinat au Caire du procureur général d’Égypte dans un attentat à la bombe, le plus haut représentant de l’État tué depuis le début de la vague d’attaques jihadistes en 2013. Après ce meurtre non revendiqué, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, l’ex-chef de l’armée tombeur de Mohamed Morsi, avait promis une législation plus dure pour « lutter contre le terrorisme ».

Mercredi, le gouvernement a approuvé une nouvelle loi antiterroriste qui prévoit notamment « des procédures pour assécher les sources de financement du terrorisme » et qui doit « offrir une justice rapide et venger nos martyrs ».

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