Burkina : deux soldats français entendus pour pédophilie avant d’être rapatriés

Deux soldats français soupçonnés d’attouchements sur deux fillettes au Burkina Faso ont été entendus mercredi à Ouagadougou par des enquêteurs français et burkinabè, avant leur transfert en France, où ils sont arrivés jeudi matin.

Un soldat de l’opération antiterroriste « Barkhane » à Gao au Mali, le 30 mai 2015. © Philippe Desmazes/AFP

Un soldat de l’opération antiterroriste « Barkhane » à Gao au Mali, le 30 mai 2015. © Philippe Desmazes/AFP

Publié le 2 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Ils sont membres des forces spéciales françaises, stationnés à Ouagadougou, au Burkina Faso, dans le cadre de l’opération antiterroriste « Barkhane ». Accusés d’attouchements sexuels sur deux petite filles, ces deux soldats français ont été auditionnés mercredi 1er juin par des gendarmes français et burkinabè avant leur transfèrement en France, où ils ont été placés en garde à vue après leur arrivée jeudi matin.

La rapide réaction des autorités françaises dans cette affaire de pédophilie tranche avec la lenteur et l’opacité observées lors d’un précédent scandale de même nature, en Centrafrique, où des soldats français ont été accusés de viols sur mineurs. Une différence de traitement vraisemblablement due à la solidité des preuves recueillies contre les suspects.

Des enquêteurs de la prévôté française – chargés des investigations sur les militaires déployés sur les théâtres d’opérations extérieures – étaient arrivés plus tôt dans la journée à Ouagadougou en provenance du Niger « pour mener les enquêtes avec nos gendarmes », a indiqué une source judiciaire burkinabè. La France a par ailleurs demandé « une entraide judiciaire » au Burkina Faso, qui lui a été « accordée » dans l’après-midi, a indiqué le ministère burkinabè de la Justice. Cette mesure « permet de recevoir sur notre territoire les magistrats ou les gendarmes français pour les auditions dans le cadre de la procédure dans cette affaire », a expliqué le ministère.

« C’est inadmissible »

Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir commis dimanche des attouchements sur deux fillettes franco-burkinabè âgées de trois et cinq ans dans la piscine d’un hôtel de Ouagadougou, a expliqué une source française proche du dossier. « C’est inadmissible », car « les forces françaises sont engagées dans une lutte contre le terrorisme, (…) sont là pour protéger les populations », a réagi mercredi le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll.

Selon les premiers éléments de l’enquête, la mère de la plus jeune fille serait allée se baigner dans cette piscine, elle aurait lié conversation avec les deux soldats, âgés de 36 et 38 ans, avant de les convier à son domicile pour boire un verre. L’un des deux hommes y aurait oublié sa caméra portative. La mère aurait visionné les images, des scènes filmées sous l’eau, et vu des attouchements auxquels l’un des soldats se serait livré sur les fillettes.

Elle se serait alors rendue à l’ambassade de France pour y montrer le film, « assez long », et dénoncer les faits, selon la source proche du dossier. Les images auraient ensuite été visionnées par le père de l’autre petite fille.

Détermination française « à sanctionner »

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a rendu l’affaire publique dès mardi soir et immédiatement suspendu les deux suspects. Il a aussi saisi la justice française, qui a ouvert une enquête préliminaire pour agressions sexuelles sur mineurs. Le ministre, « déterminé à sanctionner ceux qui se comportent de cette manière », « ne va pas perdre de temps », a estimé Stéphane Le Foll. « Les faits sont assez clairs (…) Cela a été vite parce que les faits ont été dénoncés et la plainte déposée ».

Environ 220 militaires français sont stationnés au Burkina Faso dans le cadre de l’opération antiterroriste « Barkhane », pour laquelle 3 000 hommes au total sont déployés dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Burkina Faso, Niger). Les commandos des forces spéciales, unité phare de l’armée française dont le développement doit être privilégié dans les années à venir, sont basés à Ouagadougou.

Un premier scandale de viol sur mineurs en Centrafrique avait déjà entaché il y a deux mois l’image de l’armée française. Selon une source judiciaire, 14 militaires français ont été mis en cause dans ce pays, dont trois sont identifiés, par les témoignages de six enfants de neuf à 13 ans qui ont dénoncé des faits commis entre fin 2013 et début juin 2014.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Catherine Samba-Panza à Paris le 27 mai. © AFP

Viols en Centrafrique : l’enquête de l’armée française va être déclassifiée

Contenus partenaires