Investir pour la jeunesse africaine dans l’agriculture et l’éducation
La 3e Conférence internationale sur le financement du développement se tient du 13 au 16 juillet 2015 à Addis Abeba. À cette occasion, en partenariat avec l’ONG ONE, le footballeur ivoirien Yaya Touré appelle les pays impliqués dans la lutte contre la faim et la pauvreté à « tenir leurs promesse ».
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Yaya Touré
Yaya Touré est un footballeur ivoirien évoluant en Europe, champion d’Afrique et capitaine de l’équipe nationale de son pays.
Publié le 2 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.
En 2040, l’Afrique comptera deux milliards d’habitants, soit un milliard de plus qu’aujourd’hui, et la majeure partie de cette population sera très jeune. Elle représentera 40 % de la jeunesse mondiale. Dès à présent, nous devons donc bien plus les soutenir et investir en leur faveur, si nous voulons qu’ils participent à la mobilisation mondiale pour l’éradication de la faim et de l’extrême pauvreté.
Nous savons que les jeunes ont de l’énergie à revendre. Si on les laisse libérer cette énergie tout en leur apportant le soutien dont ils ont besoin, ils seront les véritables moteurs de la prospérité africaine. Mais si on ne leur donne pas les bonnes opportunités, la frustration qui en résultera risque de nous exploser au visage et d’entraver les progrès de toute la société.
Dans ma jeunesse, j’ai eu la chance de pouvoir canaliser mon énergie grâce au sport et à l’école. Aujourd’hui, j’aimerais que tous les jeunes Africains, garçons et filles, aient la même opportunité et puissent vivre dans la dignité.
Et si nous voulons que les jeunes Africains soient les moteurs du progrès mondial, nous devons nous assurer que la jeunesse ait la tête et le ventre remplis.
Il faut donc accroître le soutien aux investissements dans l’agriculture afin de produire plus de nourriture, et de meilleure qualité. Les dirigeants d’Afrique et du monde entier doivent travailler plus dur pour tenir leurs promesses, tout en y incluant le développement durable, l’adaptation au changement climatique et l’agro-écologie.
Les investissements dans l’agriculture restent le meilleur moyen de sortir les plus pauvres de l’extrême pauvreté. Pour stimuler la productivité et produire plus, nous devons nous assurer que tous les producteurs agricoles, y compris les femmes et les jeunes, puissent accéder aux financements, aux prêts bancaires et à la sécurité foncière. C’est non seulement une question de justice, mais c’est aussi du bon sens économique : cela permettrait de sortir entre 100 à 150 millions de personnes de l’extrême pauvreté et de la faim. C’est le type d’investissement que l’ONG ONE appelle de ses vœux en ce moment même au travers du mouvement #WithStrongGirls.
En outre, les jeunes, filles et garçons, doivent tous avoir le même accès à un enseignement primaire et secondaire de qualité. Ils doivent quitter l’école avec des compétences de base en calcul, en lecture et en technologies de l’information. Les filles, en particulier, quittent le système scolaire trop tôt – un gâchis pour elles mais aussi pour le développement de leur pays.
Aucun de ces progrès ne se fera gratuitement. De nombreuses promesses de soutien ont été faites à l’Afrique, et par les dirigeants de l’Afrique, en termes d’éducation, de nutrition et d’agriculture. Le défi est maintenant de les tenir.
C’est en nous unissant et en travaillant en équipe que l’on peut marquer les plus beaux buts.
Aujourd’hui, des millions de militants appellent tous les pays du monde à adopter un pacte mondial pour tenir les promesses faites aux plus pauvres, en particulier aux jeunes. Ils demandent que les plus pauvres, ceux qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, aient accès aux services essentiels, à savoir l’éducation, l’alimentation et les soins de santé. Selon les experts, garantir ces services coûterait seulement entre 300 et 500 dollars par personne et par an. Les gouvernements africains doivent se concentrer sur cet objectif, qui doit aussi être amplifié par les 135 milliards de dollars consacrés par les pays riches chaque année à l’aide internationale.
Dans ce contexte, j’ai été surpris d’apprendre que beaucoup de pays, tant africains que leurs partenaires, ne tiennent pas leurs promesses d’investir dans l’agriculture et l’éducation. Cette situation doit changer. Il faudrait commencer par s’assurer qu’au moins la moitié de l’aide aille vers les pays les plus pauvres, afin de soutenir leurs efforts d’autonomisation.
La bonne nouvelle, c’est que toutes les nations du monde se rencontreront, dans les semaines qui viennent à Addis-Abeba, pour examiner un ensemble de mesures pour un financement durable et suffisant du développement. Si ces fonds sont transférés via des budgets transparents, pour qu’on puisse garder un œil sur la manière dont l’argent est dépensé, nous aurons remporté une importante victoire. Nous serons en mesure de fournir une alimentation correcte, une éducation de qualité et des conditions de vie décentes à l’ensemble de la jeunesse africaine.
Au football comme dans la lutte contre la faim et la pauvreté, c’est en nous unissant et en travaillant en équipe que l’on peut marquer les plus beaux buts. En respectant ces règles, l’humanité pourrait marquer un but mémorable, celui d’éradiquer l’extrême pauvreté. L’Afrique sera alors le continent moteur, jeune et dynamique qu’elle doit être, et participera au façonnement d’un monde meilleur pour nous tous. Aucun match n’a jamais eu un tel enjeu.
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