Les sud-africains partent à l’assaut du continent
Dans un rapport, la banque d’affaires Renaissance Capital détaille la stratégie des grandes entreprises sud-africaines sur le reste du continent. Absentes de cette zone pendant longtemps, elles sont désormais largement à la recherche d’opportunités de croissance.
« Une pléthore de compagnies sud-africaines explorent désormais le continent à la recherche d’opportunités de croissance ». En ces termes débute le rapport de la banque d’affaires spécialisée dans les pays émergents Renaissance Capital, rendu public aujourd’hui (13 novembre) et consacré à la percée des entreprises sud-africaines au nord du Limpopo*, le fleuve qui marque une partie de la frontière entre la première puissance économique africaine et le reste du continent. « Les entreprises sud-africaines ont intialement largement ignoré le reste de l’Afrique », souligne Renaissance Capital. Ce en raison des incertitudes locales liées à la transition démocratique des années 90, mais aussi parce que l’Afrique, à l’époque, n’affichait pas les taux de croissance et la stabilité politique qu’elle connaît aujourd’hui. Les équipes dirigeantes de ces compagnies ont depuis progressivement pris conscience de la croissance bien supérieure envisageable sur le reste du continent africain », dans la foulée de quelques rares précurseurs, notamment l’opérateur de téléphonie MTN.
Ce dernier réalise désormais 75% de ses bénéfices en Afrique hors Afrique du Sud. Les autres opérateurs sud-africains fortement présents sur le continent sont les miniers Aquarius Platinum (35%), AngloGold Ashanti (34% des bénéfices), Gold Fields (32%) et Impala Platinum (28%). Mais ils ne sont pas les seuls : le transporteur maritime Grindrod devrait ainsi réaliser un quart de ses profits dans le reste de l’Afrique d’ici à deux ans, l’industriel de l’emballage Nampak également. L’agro-industriel Tiger Brands, qui vient notamment de boucler le rachat de Dangote Flour Mills au Nigeria, réalise 25% de ses ventes en Afrique (hors Afrique du Sud) et souhaite réaliser 30% de ses bénéfices dans cette zone d’ici trois à cinq ans.
Afrique australe et anglophone
Le brasseur SAB Miller n’y réalise que 13% de ses volumes, mais il est, notamment via son alliance avec Castel, présent un peu partout en Afrique subsaharienne. Les principaux groupes bancaires, Standard Bank, FirstRand, Absa et Nedbank, ont désormais également une présence géographique affirmée, surtout dans le cas du premier. Les secteurs des biens de consommation et de la distribution ont également l’Afrique dans leurs viseurs, notamment sa classe moyenne émergente : la chaîne de textile Foschini envisage d’augmenter de 80% ses ventes africaines (4% de ses revenus aujourd’hui) tandis que le spécialiste de la grande distribution Shoprite pourrait réaliser un quart de ses bénéfices sur le continent à long-terme (10% aujourd’hui).
« Toutes les compagnies de construction sud-africaines, à des degrés divers, sont susceptibles d’augmenter leur exposition hors Afrique du Sud. Les pays africains sont un choix logique pour la croissance, selon nous, avec des marges déjà élevées », soulignent les analystes de Renaissance Capital. WBHO réalise déjà 39% de ses marges (Ebit) en Afrique hors Afrique du Sud.
L’Afrique francophone reste à ce jour le parent pauvre du déploiement sud-africain, l’essentiel des forces étant concentré sur l’Afrique australe et quelques autres pays, dont le Kenya et le Nigeria. Standard Bank est toutefois actif en RD Congo, un pays qui devrait attirer de plus en plus de groupes sud-africains. Seuls deux miniers, Anglogold et Gold Fields, ont une présence en Afrique de l’Ouest francophone (au Mali et en Guinée).
* Crossing the Limpopo – SA companies’ foray into Africa
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