L’assurance mobile fait ses premiers pas

Généraliser la souscription d’une couverture vie, santé ou incendie via le téléphone portable. Tel est l’objectif des assureurs comme des opérateurs, qui multiplient les partenariats en Afrique.

Au Sénégal, le courtier britannique MicroEnsure s’est associé avec l’assureur Sunu et l’opérateur Tigo. © Erick Ahounou

Au Sénégal, le courtier britannique MicroEnsure s’est associé avec l’assureur Sunu et l’opérateur Tigo. © Erick Ahounou

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Publié le 23 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Le phénomène est en plein boom. En Afrique, de plus en plus d’assureurs nouent des partenariats avec des opérateurs télécoms pour proposer leurs prestations via le téléphone portable. Amorcée dès 2008 par Hollard en Afrique du Sud et Trustco en Namibie, la tendance ne faiblit pas. Les synergies se sont même considérablement accélérées ces derniers mois. Le courtier britannique MicroEnsure, présent depuis 2010 sur ce créneau au Ghana et au Kenya, s’est ainsi attaqué en début d’année au Sénégal, en y proposant les assurances vie du groupe Sunu à la clientèle de l’opérateur Tigo. Le groupe NSIA, parti lui aussi à l’assaut du marché sénégalais en juillet en s’appuyant sur le réseau Orange, est en train de se lancer, avec MTN cette fois, en Côte d’Ivoire.

« Nous sommes vraiment au début d’un phénomène qui se généralise à toute l’Afrique », confirme Peter Gross, directeur du développement en Afrique de MicroEnsure, qui n’hésite pas à parler d’un système « gagnant-gagnant-gagnant » : pour les assureurs, les opérateurs téléphoniques et, « bien sûr, les consommateurs africains ». Les premiers y voient le moyen de toucher une frange plus importante de la population et donc d’augmenter leurs volumes de vente, tout en vulgarisant les produits d’assurance sur un continent où le taux de pénétration ne dépasse pas les 3 % dans de nombreux pays. Les deuxièmes en attendent des revenus additionnels ainsi qu’une plus grande fidélisation de leurs abonnés, en s’appuyant sur des offres promotionnelles. « Le client bénéficie de son côté d’un meilleur accès à des produits d’assurance bon marché, faciles à comprendre et tout aussi faciles à régler », précise Karim Dione, chez Sunu.

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color: #000000;">Le groupe NSIA est en train de se lancer sur le marché ivoirien, en collaboration avec MTN.

D’abord cantonnée aux pays d’Afrique anglophone, la formule s’étend désormais à l’ensemble du continent, qui fait actuellement figure de « leader mondial, même si c’est par nécessité », selon Ryan Lynch, directeur de MicroEnsure en Tanzanie. La micro-assurance, domaine de prédilection du courtier britannique, constitue d’ailleurs « le marché le plus évident pour l’assurance mobile », estime, comme beaucoup d’autres, Karim Dione. « Les assurances classiques sont trop chères et trop compliquées pour intéresser les opérateurs de téléphonie, sans qui les assureurs ne peuvent approcher les personnes du secteur informel, à faibles revenus et le plus souvent éloignées des grands centres », explique Peter Gross.

Flexible

Grâce aux mobiles, les compagnies d’assurances pourraient se lancer à la conquête d’un marché énorme, estimé à « plusieurs centaines de millions de contrats rien qu’en Afrique », selon une étude récente du groupe britannique Lloyd’s, spécialiste du marché. Les assureurs ont donc « tout intérêt à développer ce segment d’activité », confirme Christian Hapi, directeur technique et commercial chez NSIA. Surtout que le système est suffisamment flexible pour permettre de proposer des produits de couverture vie, santé, mais aussi incendie, accidents et risques divers.

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Au chapitre des contraintes, les « difficultés de manipulation des appareils pour les personnes âgées ou analphabètes », selon Karim Dione, auxquelles s’ajoutent des « limites pédagogiques » soulignées par Christian Hapi. « L’efficacité du système est prouvée, mais l’assureur doit continuer de montrer son visage s’il veut inspirer confiance à ses clients », explique le responsable de NSIA. Pas question, donc, de garder ses distances avec les consommateurs, dont la très grande majorité doit encore être convaincue de l’intérêt de s’assurer.

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