Interpol : quels sont les principaux suspects recherchés par les États africains ?
C’est sur la base d’un mandat d’arrêt européen qu’Emmanuel Karenzi Karake, patron des services secrets rwandais, a été arrêté fin juin à Londres. Au-delà de la polémique sur ce dossier particulier, les États africains – y compris le Rwanda – bénéficient eux aussi des services internationaux de coopération policière, notamment du plus connu d’entre eux : Interpol. Le point en carte et infographies.
Publié le 3 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.
Ils ne sont pas tous membres de la Cour pénale internationale (CPI), mais ils ont tous dit « oui » à Interpol. Entre 1923, date de la création de l’Organisation internationale de police criminelle (OIPC), et 2011, les 54 États africains ont adhéré à cette institution dont le siège se trouve à Lyon, dans le sud-est de la France.
Interpol n’émet pas de mandats d’arrêt et ne procède pas lui-même aux interpellations. C’est avant tout un organisme de coopération entre les services de polices du monde entier grâce à l’échange de notices d’information. Tout pays membre peut demander la diffusion d’une notice rouge (et éventuellement sa publication sous une forme abrégée sur le site internet), en clair un « avis international de recherche d’une personne s’appuyant sur un mandat d’arrêt national en cours de validité ».
Chronologie des adhésions des États africains à Interpol
L’Égypte, premier État africain à avoir adhéré à Interpol, est l’un des pays qui recherchent le plus de criminels présumés par l’intermédiaire des fameuses notices de l’OIPC.
De la simple fraude aux assassinats, en passant par l’emploi de chèques sans provision, les vols avec violence ou les pires crimes contre l’humanité, les profils des personnes recherchées sont très variés. Au total, 678 criminels présumés sont sous le coup d’une notice rouge émise par un État africain, dont 160 par l’Égypte et le Rwanda, Kigali recherchant essentiellement des génocidaires présumés.
Les gros poissons
Depuis 2012, Washington a placé Abubakar Shekau, chef de Boko Haram, et deux autres dirigeants du groupe jihadiste nigérian sur sa liste noire antiterroriste. Des mandats d’arrêts internationaux pèsent sans doute sur ces « fous de Dieu », mais ces derniers ne font pas encore l’objet de notices rouges publiques émises par le Nigeria ou un autre pays. Si celles-ci existent, elles restent donc confidentielles.
C’est le même cas de figure pour Joseph Kony, commandant de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), groupe armé actif dans le nord de la RDC et en Centrafrique, et qui a quelques fois mené des attaques en Ouganda. Là encore, aucun des trois États concernés n’a rendu public sur le site d’Interpol une quelconque demande d’entraide pour l’arrestation du chef de la LRA. Seule la CPI a publiquement saisi l’OIPC pour le cas Kony.
En revanche, Jamil Mukulu était quant à lui bien présent sur le site d’Interpol dans une notice rouge émise par Kampala. Arrêté début mai par les services tanzaniens de sécurité, le seigneur de guerre ougandais menait essentiellement des actions sur le territoire congolais voisin avec son groupe armé, les Forces démocratiques alliées (ADF). Il est en effet cité dans différents rapports onusiens et soupçonné par les autorités congolaises d’être l’auteur de la série de massacres de civils qui endeuille depuis octobre la région de Beni, dans le nord-est de la RDC.
Quant à Mokhtar Belmokhtar, récemment visé par une frappe américaine en Libye et dont on ignore toujours le sort exact, il est bien visé sur Interpol par la justice algérienne. À la demande de cette dernière, l’organisme a transmis à ses 190 membres une notice sur le chef jihadiste le plus recherché du Sahel.