Moi, Stéphane, footballeur ivoirien victime d’un faux agent et clandestin en France

Stéphane (*) est ivoirien et vit en France depuis plus d’un an et demi sans titre de séjour et avec de maigres moyens de subsistance. Escroqué par un supposé agent de joueurs qui lui avait promis de faire des essais dans des clubs français, il témoigne.

Un ballon de football en cuir  (image d’illustration) © Mark Botham / Flickr

Un ballon de football en cuir (image d’illustration) © Mark Botham / Flickr

Alexis Billebault

Publié le 6 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Ils sont une dizaine à débarquer tous les mois à Foot Solidaire, dupés par de faux agents. « Et encore, tous ne se font pas connaître par peur d’être expulsé », explique l’ancien international camerounais Jean-Claude Mbvoumin, président de cette association qui accueille les jeunes footballeurs victimes de fausses promesses. « Certains se retrouvent livrés à eux-mêmes jusqu’en Géorgie ou en Thaïlande, après avoir été escroqués par des individus sans scrupules et encouragés à partir par leur famille », poursuit-il. Stéphane, victime d’une telle arnaque et débarqué à Paris, a pris contact avec l’association il y a plusieurs mois. Pour Jeune Afrique, le jeune homme de 19 ans revient sur son expérience.

« Je suis né à Abidjan, dans une famille de la classe moyenne, ni riche, ni pauvre. Comme beaucoup d’enfants, j’ai commencé à jouer au foot dans la rue, car en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de championnats pour les jeunes.

Un homme se présentant comme un agent […] m’a approché

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Un jour, un homme se présentant comme un agent capable de m’aider à réaliser des essais dans des clubs français m’a approché. Cet Ivoirien m’avait repéré lors de matches inter-quartiers à Abidjan. Vantant mes qualités, il m’a dit que je pourrais faire carrière en Europe et qu’il connaissait du monde à l’Académie Aspire, au Qatar. Tout cela me paraissait sérieux.

Arnaqué par un soi-disant agent de joueurs, aujourd’hui, ma colère est passée

Après plusieurs mois d’échanges, il m’a demandé de prendre un billet d’avion pour Paris et de lui régler la somme de 5000 euros, prix à payer selon lui pour réaliser ces « tests ». J’ai collecté l’argent auprès de ma famille, puis l’agent et moi-même avons pris l’avion ensemble pour Paris. C’était en août 2013 et j’étais encore mineur. À peine arrivé à l’hôtel, il a prétexté un rendez-vous et n’est jamais revenu. Arnaqué par un soi-disant agent de joueurs, aujourd’hui, ma colère est passée.

Mon visa de quarante jours a vite expiré, et aujourd’hui, je suis un clandestin

Une amie de mes parents est venue me chercher et m’a ensuite hébergé. Mon visa de quarante jours a vite expiré, et aujourd’hui, je suis un clandestin. Je vais entamer des démarches pour régulariser ma situation mais j’ai peur de me faire contrôler et d’être renvoyé en Côte d’Ivoire.

Je ne veux pas baisser les bras, je veux encore tout faire pour devenir professionnel

Ma famille a voulu que je rentre à Abidjan mais même si c’est difficile, je préfère rester. Je gagne un peu d’argent en faisant des petits jobs, des déménagements, je me fais aussi aider. Je ne veux pas baisser les bras, je veux encore tout faire pour devenir professionnel. Je joue avec un club amateur d’Île-de-France trois fois par semaine et j’ai pu faire une journée de détection dans un club de Ligue 2.

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Je me suis fait avoir, comme d’autres avant moi. Il faut prévenir les jeunes Africains que si un agent demande de l’argent pour venir faire un essai en Europe, c’est un escroc. Car des arnaqueurs comme celui que j’ai croisé, il y en a beaucoup en Afrique… »

*le prénom a été modifié

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