Hollande célèbre la (quasi) normalisation des relations avec l’Angola

Lors de la deuxième étape de sa tournée africaine, le président français a choyé Luanda. Au menu : contrats et resserrement des liens politiques entre l’Angola et la France.

François Hollande et José Eduardo Dos Santos, président de la République angolaise depuis 1979, à Luanda, le 3 juillet.  En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/07/03/en-angola-hollande-sacrifie-a-la-necessite-des-affaires_4669287_823448.html#Jz3yHS4Ts1YYh8xU.99 © Alain Jocard/AFP

François Hollande et José Eduardo Dos Santos, président de la République angolaise depuis 1979, à Luanda, le 3 juillet. En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/07/03/en-angola-hollande-sacrifie-a-la-necessite-des-affaires_4669287_823448.html#Jz3yHS4Ts1YYh8xU.99 © Alain Jocard/AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 3 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

Les coups de canons ont retenti, ce vendredi matin, au palais présidentiel de Luanda. Et, pour la première fois depuis 2008, c’était en l’honneur d’un président français.

Après que José Eduardo dos Santos a accordé une de ses rares visites à la France, en avril 2014, François Hollande lui a rendu la pareille avec enthousiasme pour des raisons tant économiques que politiques. François Hollande y a en effet effectué l’étape la plus longue étape de sa tournée en Afrique (une vingtaine d’heures). Et il n’a évoqué les questions de démocratie et de gouvernance que du bout des lèvres – il s’est contenté d’affirmer l’attachement de la France au « multipartisme » et aux élections.

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Pourquoi tant d’égards ? Il y a bien sûr l’enjeu pétrolier : Total est le premier opérateur du secteur en Angola et gère près de 40% de la production. Mais aussi l’influence de Luanda dans la région. Membre du conseil de sécurité de l’ONU jusqu’en 2016, l’Angola préside aussi la Conférence internationale de la région des grands lacs (CIRGL).

Lors de leur entretien bilatéral, François Hollande et José Eduardo dos Santos ont donc évoqué la situation tendue au Burundi, mais aussi en RD Congo et en Centrafrique, où l’armée française est engagée. François Hollande a ainsi salué le rôle « particulièrement crucial » joué par son homologue dans la résolution de la crise à Bangui. Le déploiement de l’armée angolaise sous mandat onusien dans ce pays, un temps évoquée, n’est en revanche plus d’actualité. « La Minusca est déjà au complet », explique un membre de l’entourage de François Hollande.

Un forum d’affaires qui a profité aux géants français du pétrole, de l’hôtellerie et de l’aérien

Mais cette visite fut aussi très économique, avec la tenue d’un forum d’affaires, ouvert par le président français. « Cette visite était à l’origine conçue comme surtout politique, explique-t-on dans l’entourage du président français. Mais les entreprises angolaises sont souvent liées au politique et nous avons constaté que cette visite permettait d’accélérer les discussions économiques, d’où cette nouvelle coloration. »

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Total a notamment signé un nouvel accord de partenariat avec l’entreprise publique pétrolière Sonangol, qui devrait notamment leur permettre d’intervenir ensemble dans des pays tiers. Par ailleurs le groupe hôtelier Accor prévoit d’ouvrir 50 hôtels en gestion d’ici à 2017, et Air France d’ouvrir une troisième liaison hebdomadaire vers Luanda. Le retour de l’Agence française de développement (AFD), représentée à Luanda par sa directrice générale, Anne Paugam, a également été annoncée.

Les restes de l’Angolagate

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Les discussions sont en revanche beaucoup moins avancées dans d’autres secteurs où la glaciation diplomatique de l’époque de l’Angolagate n’est pas totalement oubliée. Les marchés de l’armement et de la sécurité demeurent fermés aux entreprises françaises, même si José Eduardo dos Santos a annoncé l’ouverture de discussions dans le domaine « technico-militaire ».

L’autre obstacle à une pleine coopération est d’ordre économique. L’Angola est en effet durement touché par la chute des prix du pétrole, dont il est le deuxième producteur du continent. Les entreprises françaises se plaignent ainsi de retards de paiement de la part de leurs clients angolais, mais aussi – et surtout – des difficultés grandissantes de conversion de la monnaie nationale – le Kwanza – dus à la faiblesse des réserves de devises. Paris veut retourner ces difficultés – vues comme temporaires – pour démontrer à son partenaire que son engagement est de long terme. Les difficultés de Luanda l’incite de son côté à diversifier son économie.

Il faudra plusieurs mois, voir quelques années, pour voir si les bonnes intentions affichées par les deux parties se concrétisent. « En Angola, tout prend du temps avant de se matérialiser, indique un opérateur français présent dans le pays. Même après la signature des contrats… »

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