Téléphonie : la 3G devient incontournable

Dans le nord du continent, les opérateurs de téléphonie mobile installent des réseaux de troisième génération. Un investissement nécessaire pour conserver leurs clients.

Premier à proposer une offre 3G en Tunisie, Orange a été rejoint par Tunisie Télécom, puis Tunisiana. © Fethi Belaid/AFP

Premier à proposer une offre 3G en Tunisie, Orange a été rejoint par Tunisie Télécom, puis Tunisiana. © Fethi Belaid/AFP

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 23 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

« Sans 3G, nous risquions de ne pas survivre », affirme Tawfik Jelassi, président du conseil d’administration de Tunisiana, le dernier opérateur à avoir acquis une licence 3G en Tunisie, en mai dernier. Selon lui, malgré ses 53,3 % de part de marché sur la téléphonie mobile, la société n’avait pas d’autre choix que d’emboîter le pas à ses concurrents, Orange et Tunisie Télécom, qui avaient lancé leurs offres respectivement en mai 2010 et en août 2011.

L’Afrique du Sud surfe à plein régime

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C’est une première sur le continent. Depuis le 10 octobre, Vodacom, filiale sud-africaine de l’anglais Vodafone, propose la 4G à ses clients de Johannesburg, avec un débit pouvant atteindre 100 mégabits par seconde (pour la 3G, il se situe entre 2 et 42 mégabits). L’offre 4G de MTN devrait suivre dès décembre, et celle de Telkom en 2013. Outre la consultation du web, la 4G permettra l’utilisation sur les mobiles de la voix sur IP (communications téléphoniques transitant par internet). « Les opérateurs vont devoir s’adapter pour que les revenus des communications internationales ne leur échappent pas complètement », note Sami Matri, du cabinet Sofrecom. C.L.B.

Pour que ses abonnés puissent télécharger leurs mails, surfer sur internet ou visionner des vidéos sur leur mobile, Tunisiana a dû acheter une licence pour 76,3 millions d’euros (155 millions de dinars) et prévoit d’investir en trois ans quelque 343 millions d’euros dans les infrastructures. Un investissement majeur, alors que son chiffre d’affaires était de 564,5 millions d’euros en 2011. « Aujourd’hui, nous couvrons environ 42 % de la population en 3G [contre 83 % pour Orange Tunisie, NDLR] et comptons environ 75 000 abonnés à cette technologie. En 2015, nous serons capables d’offrir ce service à 85 % de la population », annonce Jelassi.« À un moment donné, le décalage technologique entre opérateurs fait perdre des parts de marché trop importantes à ceux qui n’ont pas sauté le pas. C’était le cas de Tunisiana, dont la part de marché s’effritait, indique Sami Matri, consultant au sein du cabinet Sofrecom. Pour l’heure, au Maroc comme en Tunisie, environ 10 % des utilisateurs ont accès à la 3G. Mais le simple fait de ne pas pouvoir tester la technologie peut pousser les clients à changer d’opérateur. Un risque d’autant plus grand que 98 % d’entre eux utilisent des cartes prépayées, donc sont peu fidèles. »

Les dépenses engagées pour cette évolution ne seront pas amorties avant 2015, selon un analyste.

Guerre des prix

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Mais si le passage à la 3G est incontournable, il ne dope pas pour autant la rentabilité. « Inwi au Maroc et Tunisiana en Tunisie sont entrés sur le marché en cassant les tarifs. Cela va entraîner une guerre des prix qui diminuera les marges », annonce Sami Matri, pour qui les investissements massifs consentis par les opérateurs pour passer à la 3G en Tunisie, au Maroc et en Égypte ne seront pas amortis avant 2015. « Il nous est difficile de parler de rentabilité sur la 3G dès aujourd’hui, reconnaît Tawfik Jelassi, mais nous développons des applications pour ses utilisateurs qui nous permettront de nous distinguer et d’augmenter notre part de marché. En juillet, nous avons ainsi lancé une offre de paiement par téléphone portable, en partenariat avec la Poste tunisienne. Pour autant, la 3G n’est pas un levier de croissance à elle toute seule. Dans notre secteur, ce qui prime, c’est la capacité d’innovation marketing autour des nouvelles technologies. »

En Afrique du Nord, la course technologique devrait marquer une pause. « Il faut laisser le temps aux opérateurs de « digérer » leurs dépenses dans la 3G, alors que certains d’entre eux sont en train d’investir dans la téléphonie fixe et l’ADSL pour pouvoir vendre des offres packagées, indique Sami Matri. Il faudra aussi du temps pour que la clientèle locale passe d’une facturation à la minute à l’achat de 20 ou 100 mégabits de données 3G, des offres dont elle comprend encore mal la signification. »

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