Qtel fait coup double au Maghreb

En montant au capital de Wataniya, le géant des télécoms qatari Qtel a pris le contrôle de Nedjma et de Tunisiana. Avec sa force de frappe financière, il pourrait donner un coup d’accélérateur aux deux opérateurs.

Pour le groupe de Doha, l’achat de nouveaux actifs au Moyen-Orient est devenu trop risqué. © Win McNamee/AFP

Pour le groupe de Doha, l’achat de nouveaux actifs au Moyen-Orient est devenu trop risqué. © Win McNamee/AFP

Publié le 22 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Début septembre, le ministre algérien des Finances affirmait que l’État ferait valoir son droit de préemption sur l’opérateur Nedjma, filiale du koweïtien Wataniya Telecom, si celui-ci devait passer aux mains du qatari Qtel. Karim Djoudi est finalement revenu sur ses positions et, début octobre, l’opération de cession s’est faite sans douleur. En déboursant 1,8 milliard de dollars (environ 1,4 milliard d’euros), Qtel a pratiquement doublé sa participation dans Wataniya – qu’il détenait depuis 2007 -, passant de 52,5 % à 92,1 %. Après quelques sueurs froides, le président de Qtel, Sheikh Abdullah Bin Mohammed Bin Saud Al Thani, s’est fendu d’un communiqué exprimant sa reconnaissance vis-à-vis d’Alger – qui détient déjà Mobilis et est en passe d’acquérir Djezzy, les deux autres opérateurs du pays – pour avoir autorisé la transaction.

Mais plus encore qu’à Doha, cette issue en a sans aucun doute soulagé plus d’un à Alger, à la direction de Nedjma. Car en se portant acquéreur de la quasi-totalité de Wataniya, Qtel pourrait décider de donner un coup d’accélérateur à ce fleuron du groupe koweïtien (qui possède 71 % du capital), dont le chiffre d’affaires a enregistré une hausse de 33 % l’an dernier. Même chose, dans le pays voisin, pour Tunisiana, détenu à 75 % par Wataniya et dont l’activité a crû de 116 % en 2011. Bien que le Koweït continue de représenter 90 % des bénéfices nets de Wataniya en 2011, ses filiales algérienne et tunisienne ont du potentiel, et le groupe qatari le sait fort bien. « Qtel avait pris une participation majoritaire dans Wataniya dès 2007, il avait donc déjà connaissance du fonctionnement et des actifs du groupe avant d’en racheter les parts restantes », rappelle Martin Kohlhase, analyste chez Moody’s.

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Son patron s’est fendu d’un communiqué pour remercier Alger d’avoir autorisé la transaction.

Dans un secteur d’activité et une zone géographique où les professionnels ne seraient pas surpris de voir d’autres mouvements de concentration, la stratégie de Qtel est très compréhensible. « Ces dernières années, la situation géopolitique au Moyen-Orient a rendu plus risqué l’achat de nouveaux actifs, expliquait récemment à Reuters Marc Hammoud, analyste télécoms chez Deutsche Bank à Dubaï. En conséquence, Qtel a donné la priorité à une augmentation de ses participations dans des unités existantes, sur des marchés et avec des actionnaires qu’il connaît déjà. »

Bien implantés

Reste à savoir ce que, concrètement, cette nouvelle donne actionnariale pourrait apporter à ces deux réseaux qui sont déjà bien implantés. Avec près de 9 millions d’abonnés, Nedjma revendique 30 % du marché algérien, huit ans après l’émission de sa licence. De son côté, Tunisiana, avec près de 7 millions d’utilisateurs, contrôle plus de la moitié du marché tunisien et vient de lancer la 3G, qui fait encore défaut à son alter ego algérien. Que ce soit sur ce sujet ou plus largement sur celui du data – transmission de données -, les chantiers nécessitent de vastes investissements pour mettre en phase les infrastructures maghrébines avec les standards internationaux.

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« Les bénéfices potentiels pour Tunisiana et Nedjma, ce sont de meilleures conditions pour l’acquisition d’équipements, le partage des bonnes pratiques à travers le groupe Qtel et, de ce fait, une structure de coûts plus efficiente, estime Martin Kohlhase, de Moody’s. Quant aux consommateurs, ils pourront tirer avantage du roaming [connexion interpays, NDLR] à l’intérieur du réseau Qtel. » Espérons que ce rachat, autorisé in extremis, portera les fruits annoncés.

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