De Sousse à Alger

Cette semaine, dans Jeune Afrique, nous nous penchons sur le destin de deux pays maghrébins.

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Publié le 6 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

L’immense et « riche » Algérie d’un côté, la petite et démunie Tunisie, de l’autre. Deux nations sœurs qui entretiennent des relations privilégiées, plus étroites, en tout cas, surtout concernant Alger, qu’avec la troisième composante du Maghreb central, le Maroc. Deux pays aux caractéristiques opposées, au-delà de leur taille, de leur poids politique et de leur potentiel économique.

En Algérie, le culte de la stabilité, véritable obsession nationale après une décennie de guerre civile qui fit près de 150 000 morts, confine désormais à l’immobilisme. Depuis seize ans, le pouvoir n’y a jamais été véritablement remis en jeu, ni même à prendre. Société civile anesthésiée, société tout court ultraconservatrice, classe politique amorphe, élites résignées et sans véritable influence, vie culturelle indigente. En revanche, un État fort, omniprésent, qui entend tout contrôler – dont l’activité économique, au grand dam des opérateurs privés et des investisseurs -, une Administration tentaculaire, une armée imposante et toute-puissante, des services de sécurité (et de renseignements) performants et équipés, plus que presque partout ailleurs en Afrique. Un pays intrigant, enfin, frappé du syndrome hollandais et qui donne l’impression de foncer droit dans le mur, en toute connaissance de cause, sans rien faire pour modifier sa trajectoire…

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Tunisie : un bouillon de culture

En Tunisie, c’est l’exact contraire. Depuis la « révolution » du 14 janvier 2011, l’effervescence y est permanente, et les batailles pour le pouvoir incessantes. Ce dernier a d’ailleurs changé de mains à plusieurs reprises dans un laps de temps finalement très court. La société civile brille par son dynamisme, la liberté d’expression est une réalité, mais la vague de démocratisation tous azimuts et désordonnée, avec la multiplication à l’infini du nombre de partis – jadis limité – et d’associations, a fait de la vie publique un maelström. L’État est encore faible et ne rassure personne, l’armée n’a presque aucune influence, et les services de sécurité, longtemps craints pour leur dimension de police politique, ne brillent pas vraiment par leur efficacité. Le pays avait pourtant suscité l’admiration du monde entier, car il incarnait le premier véritable laboratoire de la démocratie dans le monde arabe, semblait savoir où il mettait les pieds et paraissait capable de surmonter les inévitables écueils qu’il allait rencontrer sur le chemin difficile qu’il avait choisi d’emprunter. Il donnait, lui, l’impression de foncer vers la lumière.

Aujourd’hui, pour des raisons complètement différentes, tous deux suscitent l’inquiétude. En cause, la capacité de leurs dirigeants respectifs à répondre aux besoins et aux aspirations de leurs concitoyens. Changement et ouverture en Algérie, sécurité sur tous les plans (y compris économique et social) en Tunisie. Pour l’instant, le premier paie le prix de son immobilisme, le second celui de sa révolution…

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