Égypte : une nouvelle loi antiterroriste menace la liberté de la presse

Une nouvelle loi antiterroriste pourrait être promulguée dans les prochains jours par le président égyptien, Abdel Fatah al-Sissi. Mais des voix s’élèvent contre cette législation qui brimerait la liberté de la presse.

Le journaliste égyptien Ibrahim el Darawy porte un foulard pour dénoncer la censure en Égypte, le 16 mai 2015. © Ahmed Omar/AP/SIPA

Le journaliste égyptien Ibrahim el Darawy porte un foulard pour dénoncer la censure en Égypte, le 16 mai 2015. © Ahmed Omar/AP/SIPA

Publié le 6 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Si elle est validée par la Cour suprême, la nouvelle loi antiterroriste, déjà approuvée par le gouvernement égyptien mercredi 1er juillet 2015, renforcerait les pouvoirs de la justice tout en censurant la presse. L’article 33 de cette nouvelle législation obligerait les journalistes à publier des bilans conformes aux communiqués officiels du gouvernement lors d’attentats terroristes en Égypte. Le cas échéant, la justice égyptienne pourrait les condamner à au moins deux ans de prison ou encore à l’expulsion immédiate pour les journalistes étrangers.

Le président Al-Sissi avait promis une législation plus dure « pour lutter contre le terrorisme » après l’assassinat du procureur général Hicham Barakat le 29 juin dernier. Cette loi doit « durcir » les peines des individus reconnus coupables « d’appartenance à une organisation terroriste », « d’actes terroristes » ou de « l’utilisation de la violence », selon le site internet du quotidien gouvernemental Al-Ahram, cité par l’AFP.

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« Pour défendre les citoyens de la désinformation »

Le président Abdel Fatah Al-Sissi pourrait promulguer cette loi antiterroriste dans les prochains jours, après que la Cour suprême l’ait examinée. Le chef d’État égyptien a accusé la presse étrangère d’avoir gonfler le bilan des pertes subies par l’armée égyptienne lors des attaques du groupe État islamique dans le Sinaï le 1er juillet dernier.

« Le jour de l’attaque dans le Sinaï, certains sites d’information ont parlé de 17 soldats tués, puis 25, puis 40, puis 100 », a déclaré Ahmed al-Zind, le ministre de la Justice. Selon lui, il est impératif d’imposer des règles « pour défendre les citoyens de la désinformation ». « J’espère que personne ne l’interprétera comme une restriction à la liberté de la presse », a-t-il ajouté.

« C’est un article dangereux qui viole la Constitution »

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Le Syndicat égyptien des journalistes a vivement condamné cet article de la loi antiterroriste. « C’est un article dangereux qui viole la Constitution » parce qu’il « viole le droit du journaliste de chercher l’information à partir de plusieurs sources », a déploré l’organisation qui crie à la censure.

Capture d'écran © @ahramonline/Twitter

Capture d'écran © @ahramonline/Twitter

Le gouvernement égyptien est souvent accusé de bafouer la liberté de la presse depuis deux ans. Le mois dernier, un rapport du Comité pour la Protection des Journalistes faisait état de « menaces sans précédent », avec un nombre record de journalistes emprisonnés.

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La majorité des organes de presse jugés pro-Frères musulmans ou proches de l’opposition laïque ont été inquiétés ou encore muselés depuis la chute de l’ex-président Morsi en juillet 2013.

Deux journalistes de la chaîne Al-Jazeera ont fait face à la justice en Égypte, dont le Canadien Mohamed Fahmy, accusés d’avoir soutenu les Frères musulmans. Un troisième reporter, l’Australien Peter Greste, a été expulsé en février dernier.

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