Pascal Tirtiaux : « First Solar souhaite devenir actionnaire de Desertec »

À l’occasion de la conférence Desertec Industrial Initiative, qui s’est tenue à Berlin, Jeune Afrique a rencontré Pascal Tirtiaux, directeur du développement de l’américain First Solar pour l’Afrique du Nord, qui vient d’annoncer son intention de s’associer au projet Desertec. Le chinois SGCC a également fait part de son intention de rejoindre le projet.

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Publié le 9 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Les 7 et 8 novembre, la troisième conférence Desertec Industrial Initiative (DII) s’est tenue à Berlin. Lancé par les Allemands, le projet Desertec prévoit l’installation de grandes centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dont une partie de la production répondrait à 15% des besoins énergétiques de l’Europe d’ici à 2050. Le coût du projet est estimé à 400 milliards d’euros. Alors que Siemens annonçait fin octobre sa décision de se retirer du projet, l’américain First Solar (3,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires sur les quatre derniers trimestres) annonce ici sa candidature pour rejoindre le pool d’actionnaires composé notamment d’Eon, RWE, mais aussi de Sonelgaz ou encore de l’Agence marocaine pour l’énergie solaire. Entretien avec Pascal Tirtiaux, directeur du développement de First Solar pour l’Afrique du Nord.

Le Chinois SGCC également candidat

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Alors que l’américain First Solar frappe à la porte de Desertec, le gestionnaire du réseau électrique chinois SGCC (State Grid Corporation of China) est aussi en négociations pour devenir actionnaire du projet. La question devrait être débattue lors de l’assemblée annuelle de Desertec qui se tient en ce moment à Berlin. En dépit d’une prise de participation début 2012 au sein du distributeur d’électricité portugais REN, l’entreprise chinoise reste méconnue en Europe.

Sa possible entrée au capital de Desertec fait grincer des dents chez certains membres du projet victimes de la concurrence chinoise dans la fabrication de panneaux solaires. Leur crainte est de voir SGCC servir de tête de pont à l’arrivée de fournisseurs venant eux aussi de l’empire du milieu. Mais son arrivée permettrait de compenser le retrait de Siemens, partenaire historique du projet, annoncé le mois dernier. J.C.

 

Jeune Afrique : vous rentrez tout juste de Berlin. Où en est Desertec ?

Pascal Tirtiaux : Le projet avance et a su s’adapter. Il a su prendre en compte les réalités nationales (des pays d’Afrique du Nord, NDLR) et de leurs besoins en énergie. À court, terme, disons d’ici à une vingtaine d’années, ces pays pourront compter sur Desertec pour s’approvisionner, et en premier lieu le Maroc qui a déjà une initiative nationale. À long terme, une partie de cette énergie sera exportée vers l’Europe. Mais avant cela, beaucoup d’obstacles doivent être levés : les infrastructures de transport encore insuffisantes ou encore les législations qui doivent être plus incitatives.

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Quelle implication avez-vous dans Desertec ?

Il y a deux niveaux de participation : le partenariat et l’actionariat. Nous sommes déjà un partenaire, et nous venons de postuler pour devenir actionnaire. Car nous croyons en ce projet et nous pensons que First Solar peut apporter des solutions. Nous avons su développer un standard de centrale de 50 mégawatts (MW) qui nous permet aujourd’hui d’être compétitif par rapport aux autres énergies. Nous pensons que Desertec permettra, du fait de son envergure, de réaliser des économies d’échelle et donc de rendre l’énergie solaire encore plus attractive.

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Quelle est aujourd’hui l’activité de First Solar en Afrique du Nord ?

Nous rencontrons régulièrement les autorités et sommes soumis aux calendriers de leurs appels d’offres. Mais au Moyen-Orient, en revanche, cela avance et on sent que la demande va progresser très vite : nous avons remporté il y a moins d’un mois l’appel d’offres sur le projet « Mohammed bin Rashid Al Maktoum Solar Park » avec la Dubai Electricity and Water Authority. Cela concerne une centrale solaire de 13 MW, à terminer en octobre 2013, pour un coût total de 26 millions d’euros. Je précise par ailleurs que nous ne nous contentons pas de regarder l’Afrique du Nord : toute l’Afrique nous intéresse.

Nouvel accord avec le Maroc en vue

Selon le journal allemand Sueddeutsche Zeitung, l’Allemagne, l’Italie, la France, l’Espagne et le Maroc sont en train de débattre d’un accord de 600 millions d’euros dans le cadre du projet Desertec (construction de centrales solaires et transport de l’électricité). Une déclaration d’intention doit être signée ce mois-ci ainsi qu’un accord multipartite au premier semestre 2013. Déjà, un premier projet pilote estampillé Desertec, à Ouarzazate, démarrera sa production au Maroc en 2015/2016, a annoncé la Desertec Industrial Initiative (DII) dans un communiqué. M.P.

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Propos recueillis par Michael Pauron

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