Afrique du Sud : s’estimant menacé, André Lötter, ancien de l’ANC, demande l’asile en France

Un ancien membre de l’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a demandé l’asile politique en France. Réfugié sur l’île de la Réunion, André Lötter, qui s’est distingué pour avoir dénoncé des fraudes électorales en 2013, affirme avoir reçu des menaces de mort.

Une supportrice de l’ANC le 7 mai 2014 le jour des élections, en Afrique du Sud. © AFP

Une supportrice de l’ANC le 7 mai 2014 le jour des élections, en Afrique du Sud. © AFP

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Publié le 9 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Selon son avocat, André Lötter est le premier Sud-Africain à demander l’asile en France depuis 2009. Ancien membre du Congrès national africain (ANC), ayant vécu de nombreuses années en France, il a quitté l’Afrique du Sud pour rejoindre l’île de la Réunion, où sa femme, d’origine ougandaise, a pu pénétrer sans visa.

Ayant déposé une demande d’asile dès sa descente d’avion à l’aéroport de la Réunion, le Sud-Africain explique avoir reçu des menaces de mort, depuis qu’il a dénoncé des fraudes électorales, selon lui organisées par l’ANC, dans la province du KwaZulu Natal en 2013.

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« L’ANC, comme l’Inkatha Freedom Party [IFP, l’ancien parti auquel il appartenait, ndlr], a truqué un scrutin en inscrivant des électeurs qui ne vivaient pas dans la circonscription », a-t-il expliqué au Quotidien, journal de la Réunion. « C’est pourquoi j’ai décidé de quitter le parti et j’ai commencé à me battre pour des élections crédibles », ajoute-t-il.

« L’ANC, un parti d’extrême-droite »

Suite à son intervention, l’élection est reportée après décision d’un tribunal et quelque 1800 faux noms sont retirés des listes électorales. André Lötter affirme dès lors avoir été la cible de menaces. « À plusieurs reprises, ma voiture a été incendiée », raconte-t-il au Quotidien.

« Il y a des personnes qui ont essayé de s’introduire dans ma maison, en plein milieu de la nuit. Pendant que l’on se promenait à la campagne, des pétards ont été mis à côté de là où on passait. Ma compagne pensait que c’était des fusils, que j’allais être assassiné. Le climat de violence en Afrique du Sud nous a poussé à quitter le pays », poursuit-il, estimant que ces menaces sont le fait de l’ANC.

« Je pense que l’ANC me reproche d’être un opposant très efficace d’un parti qui a viré à l’extrême droite tout en se faisant passer pour un parti de gauche », accuse-t-il. Et d’ajouter : « L’ANC doit tomber. Comme l’apartheid est tombé. »

« L’ANC de Mandela n’est plus »

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Le gouvernement sud-africain assure ne pas être courant de la demande d’asile faite par André Lötter à la France, qui n’est pas tenue d’informer les autorités d’une demande d’asile reçue. De son côté, la direction de l’ANC n’a pas commenté le départ de son ancien membre, qui entend aujourd’hui poursuivre son combat, en attendant le verdict concernant sa demande.

« Pour le moment, nous pouvons rester ici. L’administration de la Réunion subvient à nos besoins. C’est également agréable d’avoir trouvé un endroit où tout le monde trouve normal de voir un couple composé d’un homme blanc et d’une femme noire », témoigne André Lötter. Il envisage désormais de lever des fonds pour combattre la fraude depuis l’étranger, notamment via sa fondation.

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Et de conclure : « Le monde doit comprendre que l’ANC de Mandela n’est plus et que, au lieu de se battre pour le peuple, les pauvres et les électeurs, ce parti ne cherche plus qu’à se maintenir au pouvoir. »

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