Tunisie : qu’ont fait les autorités tunisiennes depuis l’attentat à Sousse ?

Deux semaines après l’attentat perpétré à Sousse qui a fait 38 morts, le gouvernement tunisien a pris une série de mesures pour lutter contre le terrorisme. Dernière en date, annoncée ce vendredi par le Premier ministre : 1000 arrestations et 15 000 personnes interdites de sortie de territoire.

Un policier surveille la plage de Sousse, le 3 juillet 2015 © Fethi Belai/AFP

Un policier surveille la plage de Sousse, le 3 juillet 2015 © Fethi Belai/AFP

Publié le 10 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

« Il faut se serrer les rangs pour pouvoir gagner cette guerre. » C’est ce que déclarait le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, au lendemain de l’attentat perpétré contre les touristes de l’hôtel Marhaba à Sousse, le 26 juin. Une série de mesures avait alors été dévoilée, afin de montrer la détermination des autorités à enrayer le phénomène terroriste et de couper court aux critiques d’attentisme et d’impuissance qui ont rapidement été formulées à l’encontre du gouvernement. Deux semaines après cette déclaration, quelles sont celles qui ont réellement été mises en oeuvre ? Sont-elles réalistes ?

1 000 personnes arrêtées et 15 000 autres interdites de sortie de territoire

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Le Premier ministre vient d’annoncer, ce vendredi 10 juillet, que la police avait procédé à 1 000 arrestations ces derniers jours et que 15 000 autres personnes étaient interdites de sortie de territoire.

Instauration de l’état d’urgence

Le 4 juillet, soit 8 jours après l’attentat, l’état d’urgence a été annoncé par le président Béji Caïd Essebsi dans une brève allocution. Instauration du couvre-feu, interdiction de rassemblements, contrôle de la presse… Les mesures assorties ont suscité autant la compréhension que la critique, faisant craindre aux Tunisiens des atteintes trop fortes à leurs libertés.

Pour Sélim Kharrat, directeur de l’Association pour la promotion de la démocratie Al Bawsala, « il y a un décalage entre le décret de 1978 qui définit les formes de l’état d’urgence et la société tunisienne actuelle, post-révolutionnaire. » La loi est utilisée conjointement avec l’article 80 de la nouvelle Constitution, « qui en plus de son manque de précision, donne plein pouvoir au président de la République », précise-t-il. « De plus, le président et leader de Nidaa Tounes n’a pas rassuré les citoyens en appelant les journalistes à prendre en compte le contexte de menaces terroristes et en déclarant que les mouvements de grèves empêchaient les forces de l’ordre de répondre à la menace sécuritaire. »

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Limogeage de représentants des forces de l’ordre et de chefs politiques

À la suite des attentats, de nombreux responsables politiques et sécuritaires ont été limogés, jugés responsables de l’impuissance des autorités. « Comme il y a eu des défaillances sécuritaires, il y a eu des défaillances politiques », a déclaré à l’AFP Dhafer Néji, conseiller en communication auprès du chef du gouvernement. Parmi ces limogeages : le gouverneur de Sousse, Abdelmalak Sellami, le chef de district de la sûreté nationale de la ville, mais également  le chef de la brigade de renseignement de police de Kairouan et le chef de service régional anti-terroriste de la ville sainte, d’où était originaire Seifeddine Rezgui, l’auteur de l’attentat du 26 juin. Le président du conseil islamique supérieur, Abdallah Loucif, a lui été démis de ses fonctions pour «  dépassement de prérogatives ». « Ces limogeages en série sont les conséquences d’une mauvaise gestion et prouvent que les responsables ne sont pas à la hauteur », soutient Sélim Kharrat. « Mais quid des responsabilités gouvernementales ? ».

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Fermeture de 24 mosquées

Le 7 juillet, la cellule de communication du gouvernement a rendu publique une liste de 24 mosquées déjà fermées par les autorités. La mesure concerne des mosquées dont les responsables religieux sont jugés extrémistes par les autorités, des établissements dont la situation administrative n’a pas été régularisée, les mosquées hors-la-loi « qui continuent à propager leur venin pour inciter au terrorisme », a déclaré Essid. Le ministre de l’emploi, Zied Ladhari, a par cependant précisé que « toutes les mosquées illégales n’ont pas forcément un lien avec le terrorisme ».

Plan de déploiement des forces de l’ordre

Afin de garantir la sécurité, Habib Essid avait déclaré le 26 juin au soir la création d’un « plan exceptionnel », assurant le déploiement d’agents armés supplémentaires, dont des réservistes, pour sécuriser les plages et les sites fréquentés par les vacanciers et armant pour la première fois la police touristique. « Plus de 1 000 agents » ont été déployés, a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Aroui. Si, à Port El Kantaoui, des policiers sont bien visibles, leur absence dans des lieux comme le musée de Carthage a été déploré.

Mur de protection à la frontière libyenne

Le projet a été annoncé après l’attentat du Bardo et confirmé le 8 juillet par Habib Essid lors d’une allocution télévisée. Ce mur composé de sable sera situé entre les deux postes frontaliers de Ras Jedir et Dhiba, sur une longueur de 168 kilomètres. La frontière libyenne en mesurant plus de 450, le projet a suscité un tollé dans la presse tunisienne. Dhafer Néji a précisé que le mur devrait « être conçu assez vite, au mois d’octobre ».

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