Kenya : le futur port de Lamu pris dans la tourmente

Décidé sans concertation par les pouvoirs publics, le projet déclenche la colère de la population.

Le projet portuaire de Lamu est estimé à plus de 24 milliards de dollars. © AFP

Le projet portuaire de Lamu est estimé à plus de 24 milliards de dollars. © AFP

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Publié le 2 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Alors que les premières opérations de dragage devraient démarrer prochainement, la controverse grandit au Kenya autour de la création du futur port maritime de l’archipel de Lamu, situé au nord du littoral du pays. Ce projet gigantesque prévoit la réalisation de terminaux portuaires sur une dizaine de kilomètres de côte, avec un tirant d’eau de 18 mètres, à une dizaine de kilomètres seulement de la ville historique de Lamu, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco comme joyau de la culture swahilie. Prévu pour devenir l’un des plus importants hubs portuaires de toute la côte est-africaine, Lamu doit également accueillir une autoroute, une voie ferrée et un oléoduc lancés en direction de l’Ethiopie et du Sud-Soudan, ainsi qu’une raffinerie.

Estimé à plus de 24 milliards de dollars et soutenu par les principaux bailleurs de fonds internationaux, ainsi que par la Chine, le projet est « impératif » pour les autorités kenyanes qui souhaitent soulager le port de Mombasa totalement engorgé. Elles se heurtent aujourd’hui à une majorité de résidents, qui reprochent au gouvernement de ne pas avoir mené les études d’impact environnemental et surtout de ne pas avoir impliqué les populations locales. En plus de détruire les mangroves et de perturber le secteur de la pêche artisanale qui fait vivre près des trois quarts des 100 000 habitants de l’archipel, la réalisation des infrastructures implique le déplacement de plus de 60 000 d’entre eux, selon les chiffres mêmes des pouvoirs publics kenyans, qui prévoient d’accorder 4 000 km² au projet, soit les deux tiers de la superficie de l’île principale.

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Études de faisabilité

Si le gouvernement en est encore à promettre la prise en considération des requêtes de sa population et la réalisation des études de faisabilité, il n’a par contre pas perdu de temps en lançant dès mars dernier les appels d’offres concernant la construction de la première phase du port. Pas question en effet pour le Kenya de retarder davantage un projet prévu pour avoir un impact énorme non seulement sur l’économie du pays, mais également sur celle de toute la sous-région et plus loin encore. Lamu doit en effet devenir à terme la porte d’entrée orientale du continent. Pendant que Mombasa, qui traite actuellement 16 millions de tonnes par an, restera concentrer sur son marché domestique, étendu à l’Ouganda et à la région des Grands lacs, Lamu desservira par fer, en plus du Sud-Soudan et de l’Ethiopie, le Cameroun et le Tchad via la République centrafricaine. D’une longueur de 4 000 kilomètres, cette ligne ferroviaire assurera le transport de plus de 10 millions de conteneurs chaque année, pour dresser un véritable « pont terrestre », selon la terminologie des professionnels de la logistique, entre l’océan Indien et le Golfe de Guinée.

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