Ali Chebbi : « La Tunisie doit passer à un nouveau palier »

Réunis au Rwanda, dans le cadre de la 7ème conférence économique afrcaine (CEA), les économistes et décideurs du continent ont débattu, du 30 octobre au 2 novembre, sur les moyens de parvenir à une croissance inclusive et à un développement durable. Ali Chebbi, conseiller économique du chef du gouvernement tunisien, revient sur les défis auxquels son pays est confronté.

Le déficit budgétaire est de 6% du PIB en Tunisie. Mais l’objectif est de le réduire à 3% d’ici 2014-2015.

Le déficit budgétaire est de 6% du PIB en Tunisie. Mais l’objectif est de le réduire à 3% d’ici 2014-2015.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 2 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Après la révolution, quelles politiques faut-il mettre en œuvre en Tunisie, pour favoriser une croissance inclusive, créatrice d’emplois et réductrice de pauvreté ?

Ali Chebbi : Le défi majeur de la Tunisie est de trouver, dans le court terme, des solutions à des problèmes (emplois, développement régional, etc.) qui ne sont resolvables que dans le moyen et le long terme. Pour créer des emplois et suivre le rythme des arrivées sur le marché du travail, la Tunisie doit passer à un nouveau palier de croissance (le taux moyen a été de 5% par an avant la révolution de 2011). Cela suppose un changement dans la structure de l’appareil productif, une nouvelle politique d’emplois, une nouvelle politique industrielle permettant à l’économie de trouver un niveau de croissance plus élevée que 5%. Au premier semestre de cette année la croissance a été de 3,3%, dans la situation actuelle du pays, c’est un bon résultat mais il peut être amélioré. Sachant qu’il faut en Tunisie 1,8 année pour passer d’une croissance faible à une croissance forte, il faudra attendre fin 2013 et 2014 pour voir une relance effective de l’économie.

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Que doit on faire d’après vous pour absorber la main d’œuvre qualifiée disponible ?

Le tourisme, les mines et la chimie sont actuellement les trois principales sources de recettes en devises de la Tunisie. Il faut désormais créer un environnement favorisant le développement des activités à plus fortes valeurs ajoutées, capables d’absorber la main d’œuvre qualifiée disponible. Le tissu industriel tunisien est composé à 80% de PME qui en raison de leur taille n’ont pas les moyens de recruter des hauts cadres. Parfois ce sont les profils qui ne correspondent pas à leur besoin. Il faut appuyer ces entreprises pour qu’elles puissent recruter et former ces jeunes diplômés.

Le développement des régions est un autre défi que doit relever la Tunisie. Quelles solutions proposez-vous ?

Dans le budget 2012, l’investissement occupe une part importante. Il représente 25% du budget total. 30 à 40% de ces investissements concernent le développement des régions. Nous sommes en train de revoir la carte administrative de la Tunisie. Nous allons proposer aux décideurs de redéfinir les zones économiques et sociales selon des critères qui prennent en compte, non seulement la concentration démographique mais aussi la hiérarchie territoriale et les avantages comparatifs des régions. Deux scénarii sont prévus : le premier prévoit huit grandes régions économiques et sociales en Tunisie et le second six. Et la répartition du budget en faveur de chacune des régions se fera selon les besoins (éducation, infrastructures, etc.) et les avantages de chacune de ces régions qui seront appelées a se spécialiser dans un domaine.

Comment financer vous cette politique de développement régional alors que le contexte est difficile ?

Nous avons eu beaucoup de soutien. L’Allemagne a par exemple recyclé notre dette. Nous avons eu aussi un appui budgétaire de la Banque mondiale, du FMI et de la BAD en partenariat avec l’Union européenne qui sera versé prochainement. Nous avons des dons. Le pays s’est également quelque peu endetté (auprès du Qatar pour un montant de 500 millions de dollars sur cinq ans, ndlr). En raison d’une politique expansionniste, le déficit budgétaire atteint aujourd’hui 6% du PIB. Mais l’objectif est de le réduire progressivement grace à la reprise à 3% d’ici 2014-2015.

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Propos recueillis à Kigali par Stéphane BALLONG

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