En Tunisie, Hollande doit réparer la faute de Sarkozy

Depuis la tragédie de Sousse (38 morts), le 26 juin, et celle du musée du Bardo (22 morts), trois mois auparavant, on découvre tous les jours de nouvelles failles dans le système sécuritaire tunisien.

François Hollande et Béji Caïd Essebsi, le 7 avril 2015 à Paris. © Christophe Ena/AP/SIPA

François Hollande et Béji Caïd Essebsi, le 7 avril 2015 à Paris. © Christophe Ena/AP/SIPA

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Publié le 13 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Dresser le constat des innombrables carences et dysfonctionnements de l’exécutif, de la police, de l’armée, des services de renseignements et même des hôteliers revient, hélas, à ressasser l’évidence. La situation est grave, et la Tunisie paraît totalement démunie face à une menace dont elle a insuffisamment pris la mesure. Elle n’y parviendra pas seule.

Or que voit-on ? Pour l’instant, rien. En dehors de vagues promesses de soutien dont on voit mal pourquoi elles seraient mieux tenues que toutes celles que lui ont faites la communauté internationale et les institutions financières depuis la révolution, personne, mis à part l’Algérie, ne se porte à son secours. Et pas davantage à celui d’une Libye qui, entre les mains de l’État islamique, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. C’est d’ailleurs là le fond du problème : la gestion calamiteuse des suites de l’intervention occidentale dans l’ex-Jamahiriya, il y a quatre ans, a, de Bamako à Rabat, déstabilisé tout le nord-ouest de l’Afrique. Et la Tunisie plus que d’autres, qui a dû accueillir sur son sol des centaines de milliers de « réfugiés » libyens.

C’est le devoir de la France. Mais si, d’aventure, elle continuait de s’y soustraire, il faudrait lui rappeler que c’est aussi son intérêt

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Les États-Unis, qui n’étaient pourtant pas le fer de lance de l’aventureuse opération destinée à liquider Mouammar Kadhafi, et l’Algérie, qui y était opposée, sont aujourd’hui les deux nations qui prennent le plus nettement leurs responsabilités, tandis que l’Europe, et la France en premier lieu, s’évertue à les fuir. Pour autant que l’on sache, ce sont Nicolas Sarkozy et Bernard-Henri Lévy – à l’époque son quasi-ministre des Affaires étrangères – qui sont en grande partie responsables de l’effroyable fiasco libyen. François Hollande ne peut l’ignorer et se contenter de belles déclarations ou de chaleureuses étreintes à l’adresse de Béji Caïd Essebsi. La France doit à tout prix réparer sa faute morale et politique. En fournissant du matériel, des armes, des moyens financiers, des conseils et de la formation. En soutenant l’économie tunisienne et en contribuant concrètement à la sécurisation de la frontière tuniso-libyenne. C’est son devoir. Mais si, d’aventure, elle continuait de s’y soustraire, il faudrait lui rappeler que c’est aussi son intérêt : laisser le cancer libyen proliférer aura, tôt ou tard, des conséquences dramatiques sur l’Europe elle-même.

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