IDE : le Golfe laisse tomber la Méditerranée

Il est loin le temps où les pays du Golfe investissaient massivement au Maghreb. À l’occasion de son rapport annuel, le réseau méditerranéen Anima souligne l’importance de les attirer vers des secteurs plus productifs et créateurs d’emploi que par le passé.

Alger (photo), Tunis, Casablanca : la spécialité du Golfe, c’est (c’était) l’immobilier. © DR

Alger (photo), Tunis, Casablanca : la spécialité du Golfe, c’est (c’était) l’immobilier. © DR

Publié le 31 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

Finies les belles années. Après avoir littéralement explosé en 2006 et 2007, les investissements étrangers en Méditerranée en provenance des pays du Golfe n’ont depuis fait que décroître. Passant de plus de 15 milliards d’euros par an à 4,1 milliards en 2010 et 2,7 milliards seulement l’année dernière. « En 2006, les pays du Golfe étaient effectivement devenus les premiers investisseurs au sud de la Méditerranée (20 milliards d’euros annoncés), devant l’Europe, souligne le rapport du réseau Anima* rendu public aujourd’hui (31 octobre). Mais depuis, leur engagement est allé decrescendo, pour totaliser 2,6 milliards d’euros en 2011, à l’inverse de celui des « autres pays », notamment les BRIC, qui ont pris la deuxième place au palmarès des investisseurs étrangers dans la région en 2010. Certes, les pays du Golfe ont été largement chahutés par les crises, ce qui fait peser un doute sur leurs capacités d’investissement actuelles ; mais les raisons de ce désintérêt apparent, qui s’est de surcroît encore accentué en 2011, sont plurielles. »

Un léger mieux pour les investissements étrangers ?

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De manière générale, les crises politiques au sud de la Méditerranée ont entraîné une forte baisse du nombre de projets d’investissements étrangers  (- 22% par rapport à 2010) dans les 11 pays méditerranéens étudiés par Anima. La diminution est encore plus nette en termes de montants : 26,5 milliards d’euros en 2011 contre 38,5 milliards en 2010 (-31%). Sur le premier semestre 2012, la tendance s’est en partie inversée. Le nombre d’annonces de projets a en effet diminué de 17% par rapport au premier semestre 2011 mais les montants en jeu sont en revanche en légère hausse (19 milliards d’euros contre environ 17 milliards l’année dernière). Israël et la Turquie restent les pays les plus attractifs de la zone. Au Maghreb, seul le Maroc tire réellement son épingle du jeu.

Gros tickets

L’apparente proximité idéologique et culturelle entre les nouveaux gouvernements islamistes d’Afrique du Nord et les pays du Golfe n’a semble-t-il généré aucun nouveau flux important d’investissement. 
Plusieurs raisons à cela. « Les investisseurs de la péninsule arabique sont des financiers plus que des industriels. Ils sont les premiers acteurs du capital-investissement dans la région (18 milliards de dollars de fonds levés pour un volume total de 60 milliards dans l’ensemble des fonds ciblant le sud de la Méditerranée selon l’observatoire ANIMA – MedFunds 2011), et se positionnent principalement sur des investissements lourds, dans des secteurs relativement peu diversifiés : banque, BTP‐tourisme, énergie, infrastructures, ajoute Anima. Les grandes vagues de privatisations dans ces domaines étant passées au sud de la Méditerranée, les pays du Golfe y trouvent de moins en moins de projets, et abordent jusqu’à aujourd’hui les nouveaux métiers (logistique, santé, télécoms, alimentaire et agriculture) avec prudence, souhaitant d’abord construire une expertise sur leurs propres marchés. »
Les investisseurs du Golfe ont de surcroît historiquement préféré les investissements de taille importante (500 millions d’euros en moyenne), délaissent de facto le financement des PME, pourtant au coeur de la création d’emplois. Face à cela, Anima propose de développer des mécanismes permettant aux groupes du Golfe d’investir de plus petits montants, davantage en adéquation avec les tailles des économies maghrébines. L’autre piste consisterait à les attirer vers de nouveaux secteurs en co-investissement avec des privés locaux, capables d’évaluer et maîtriser les risques.

 * Bilan annuel des annonces d’investissements et partenariats en Méditerranée

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