Le continent a besoin d’un savoir-faire africain

Walter Baets, directeur de la Graduate School of Business (université du Cap, Afrique du Sud)

Walter Baets, directeur de la Graduate School of Business (université du Cap, Afrique du Sud). DR

Walter Baets, directeur de la Graduate School of Business (université du Cap, Afrique du Sud). DR

Publié le 9 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Pour bien appréhender l’Afrique, le mieux est d’y être implanté. À ce titre, les universités africaines peuvent et doivent assumer un rôle clé dans le développement du continent. Forte de cette croyance « afropolitaine », l’université du Cap [Afrique du Sud, NDLR] et son école de commerce, la Graduate School of Business (GSB), se sont engagées sur une double voie : celle de l’intellect d’une part – recherche, perspective, pensée critique, imagination, créativité – et de la pratique, de la pertinence ainsi que de l’impact réel d’autre part. Attirant des étudiants venus d’aussi loin que le Kenya, Maurice, le Nigeria, l’Ouganda et le Malawi, la GSB, véritable creuset d’idées et de points de vue, constitue un environnement idéal pour embrasser de façon significative l’identité africaine, mais aussi pour protéger ses pratiques et philosophies.

Dans une société en quête de solutions face à l’aggravation des problèmes sociaux et environnementaux, les universités ont une véritable contribution à apporter. Déclarer que nous sommes une université et une école de commerce afropolitaines attachées à cette vision nous permet de nous positionner dans une dynamique et une évolution globales ; cela nous oblige à poser la délicate question du rôle d’un établissement d’enseignement supérieur dans une société postcoloniale. La principale différence entre les universités africaines et les universités étrangères est que ces dernières ne se posent pas cette question – n’ayant pas réellement besoin de le faire. Pour elles, il s’agit avant tout d’avoir accès à un marché inexploité, un marché émergent pour les entreprises étrangères. Elles ont tendance à assimiler l’identité et l’esprit africains aux manières de faire occidentales. Or l’Afrique a besoin d’un savoir-faire africain. Le continent doit se définir dans la dynamique de la mondialisation.

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Les universités devraient veiller à ce que tout travail intellectuel ait un impact sociétal.

Les universités africaines devraient veiller- et la plupart d’entre elles le font – à ce que tout travail intellectuel ait un impact sociétal. Les leaders économiques africains commencent à faire valoir que l’environnement importe plus que le contenu des études et que les établissements d’enseignement supérieur doivent être pertinents localement. Cela ne veut pas dire que les écoles ne doivent pas être compétitives à l’échelle globale, mais qu’il leur faut être beaucoup plus dynamiques et réactives face aux réalités du continent.

La GSB de l’université du Cap a ainsi récemment ouvert le Bertha Centre for Social Innovation and Entrepreneurship afin de promouvoir l’innovation sociale et l’esprit d’entreprise. Il s’agit d’une réponse à l’accélération du mouvement d’entreprises socialement responsables ainsi qu’aux recherches du consortium Global Entrepreneurship Monitor (GEM) qui souligne la volonté des Sud-Africains et des Africains dans leur ensemble de créer des petites entreprises. Le master en financement du développement a également été mis en place pour répondre au manque de formations dans le domaine de la finance sur le continent. Le nombre de demandes d’inscription à la première session a confirmé que ce besoin était bien réel.

Voilà huit années consécutives que la GSB de l’université du Cap figure dans le top 100 des MBA du Financial Times. En 2012, elle arrive à nouveau en tête des écoles de commerce en Afrique dans le classement « QS Global 200 Top Business Schools ». À l’évidence, l’offre la plus prestigieuse de la GSB est son MBA – une maîtrise en administration des affaires qui attire des étudiants du monde entier -, reconnu pour son expertise en matière de marchés émergents. Et là, les facteurs de pertinence locale et d’impact social interviennent vraiment, parce que ce cursus recoupe en partie le travail mené au Bertha Centre, où les étudiants trouvent des solutions commerciales aux problèmes sociétaux. C’est précisément parce que nous veillons à la pertinence de nos programmes que nous figurons en bonne place dans les classements mondiaux les plus prestigieux. Et nous sommes bien décidés à poursuivre dans cette voie.

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