Robes trop courtes : les deux jeunes Marocaines innocentées par le tribunal d’Inezgane
Les deux jeunes femmes arrêtées le 16 juin en raison de la longueur de leurs robes, jugée trop courte, ont été innocentées. La justice a rendu son verdict ce lundi, en début d’après-midi.
Après une mobilisation nationale, la justice a tranché ce 13 juillet. Le Tribunal de première instance d’Inezgane a prononcé l’acquittement de Siham et Sanaa. « Nous pouvons juger ce verdict satisfaisant » a déclaré l’avocat de la défense, Me Lahoucine Sbai, joint par téléphone.
À la suite de l’arrestation des deux jeunes femmes, quelque 1400 avocats – dont certaines figures renommées – s’étaient déclaré prêts à les défendre. Lors du procès, qui s’est tenu le 6 juillet dernier, pas moins de 18 plaidoiries ont ainsi été prononcées en faveur de Sanaa et Siham, lesquelles avaient choisi de se présenter en robes. Un geste symbolique fort.
« Cet acquittement est une victoire pour les libertés individuelles »
Les avocats ont dénoncé en chœur la misogynie du code pénal et les vices de procédures relatives à l’établissement du procès verbal par les forces de police. D’après eux, l’article 483 du code pénal évoqué par les policiers ne définit en rien les critères pour lesquels un vêtement peut être considéré comme attentatoire aux bonnes mœurs. Le procureur du Roi avait abondé dans leur sens le 6 juillet appelant à un non-lieu.
« Cet acquittement est une victoire pour les libertés individuelles, pour les droits humains et pour les droits des femmes », s’enthousiasme Fouzia Assouli, secrétaire générale de la Ligue démocratique des droits des femmes.
Un projet de loi sur la violence faite aux femmes
Pour la militante, cette affaire alerte sur la nécessite d’établir des mesures visant à lutter contre les violences faites aux femmes, un sujet sur lequel la société marocaine n’est pas assez sensibilisée. « Nous alertons aujourd’hui le gouvernement pour qu’il travaille de nouveau à l’élaboration du projet de loi contre les violences faites aux femmes », insiste la militante. Examiné le 7 novembre 2013, ce projet de loi avait été gelé par le gouvernement malgré les revendications des ONG.
Les deux jeunes femmes traumatisées par leur mésaventure comptent quant à elles, changer de domicile et quitter la vile d’Inezgane. « Aucune mesure de suivi psychologique et de soutien social n’est mis en place, aucune structure ne peut les aider », déplore encore Fouzia Assouli.
Plainte contre les agresseurs
Dans un communiqué diffusé après leur acquittement, Sanaa et Siham expriment leur reconnaissance envers toutes les personnes qui les ont soutenues, et rappellent avoir déposé une plainte à l’encontre de leurs agresseurs, dont elles espèrent qu’elle ne restera pas sans suite. Le 16 juin dernier, alors qu’elles faisaient leurs courses au souk d’Inezgane, les deux jeunes femmes avaient été poursuivis par une foule en colère fustigeant la longueur de leurs robes. Deux hommes avaient été arrêtés pour les avoir harcelées verbalement et physiquement. L’enquête pour déterminer leurs responsabilité est en cours.
L’affaire d’Inezgane ne fait que débuter, souligne l’avocat de la défense, Me Sbai : « Elles ont été acquittés mais nous ouvrons un nouveau dossier afin de sanctionner les harceleurs. »
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